Liban : le Premier ministre, Saad Hariri, a démissionné

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16.07.2021

Le « pays du Cèdre » s’enfonce toujours un peu plus dans la crise politique, économique et sociale.

Le Premier ministre désigné du Liban, Saad Hariri, a démissionné jeudi en raison de ce qu’il a appelé des « divergences importantes » avec le président, Michel Aoun, aggravant ainsi la crise politique qui laisse les Libanais sans gouvernement depuis neuf mois, alors qu’ils subissent un effondrement économique sans précédent.

« Consultations »

« Sans candidat clair pour remplacer M. Hariri, le Liban risque de s’enfoncer davantage dans le chaos et l’incertitude, annonce l’agence américaine Associated Press (AP). Les perspectives de formation d’un gouvernement pour entreprendre les réformes désespérément nécessaires et les négociations avec le Fonds monétaire international en vue d’un plan de redressement sont désormais encore plus éloignées. »

La pauvreté, dans le « pays du Cèdre », a grimpé en flèche au cours des derniers mois, et de terribles pénuries de médicaments, de carburant et d’électricité ont marqué ce que la Banque mondiale décrit comme l’une des pires crises économiques de ces 150 dernières années.

« Je me suis excusé de ne pouvoir former le gouvernement », a déclaré Hariri après une réunion de 20 minutes avec le président Aoun. Le dirigeant sunnite a ensuite affirmé à la chaîne Al-Jadeed qu’il n’avait pas l’intention de soutenir un quelconque successeur, qui devrait être choisi dans les rangs des sunnites, d’après le système politique libanais (confessionnalisme).

« Sans le soutien de Hariri, les perspectives de formation d’un gouvernement s’éloignent encore plus. M. Aoun a déclaré qu’il fixerait bientôt une date pour les consultations avec les blocs parlementaires sur la désignation d’un nouveau Premier ministre désigné », fait savoir AP. Saad Hariri, à ce titre, a d’ores et déjà annoncé que son bloc politique « consulterait [leurs] amis et alliés et verrait ce qu’il convient de faire ».

« Réformes prioritaires »

Après l’annonce, dans la journée de jeudi, des manifestants – pour la plupart des partisans d’Hariri – ont bloqué des routes et incendié des pneus dans plusieurs quartiers de Beyrouth, dénonçant l’aggravation de la crise. Les troupes se sont déployées pour disperser une manifestation à la périphérie de la capitale, tirant en l’air et utilisant des véhicules blindés pour ouvrir les routes. Les manifestants ont jeté des pierres aux soldats.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, dont le pays a dirigé le Liban pendant environ 25 ans jusqu’à son indépendance après la Seconde Guerre mondiale, a qualifié l’échec de la formation d’un nouveau gouvernement de « nouvel incident terrible » démontrant « l’incapacité des dirigeants libanais à trouver une solution à la crise qu’ils ont générée ». « Ils ont totalement échoué à reconnaître la situation politique et économique de leur pays », a-t-il déclaré à l’issue d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Libye.

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a quant à lui qualifié la démission de Hariri de « nouvelle évolution décevante pour le peuple libanais ». « Il est essentiel qu’un gouvernement engagé et capable de mettre en œuvre les réformes prioritaires soit formé maintenant », a-t-il ajouté. Les ambassadeurs français et américain au Liban se sont rendus en Arabie saoudite pour discuter de la situation politique de son « protégé », qui a « désespérément besoin » d’un nouveau gouvernement selon eux.

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