La compagnie dubaïote a désormais une main-mise totale sur un dossier extrêmement sensible pour Djibouti.
Exproprié il y a deux ans du port de Doraleh par Djibouti – où il jouissait depuis 2006 d’un contrat de concession du terminal à conteneurs d’une durée de trente ans – le groupe émirati, DP World, avait vu son recours international porter ses fruits en avril dernier. Ce dernier avait ainsi obtenu 385 millions de dollars d’indemnisation plus les intérêts pour la rupture unilatérale du contrat d’exploitation par la partie djiboutienne.
Doraleh, une véritable mine d’or
Concrètement, DP World avait déjà remporté une première victoire en juillet 2018 devant la Cour d’arbitrage international de Londres. Les juges avaient alors confirmé que le contrat de concession du terminal à conteneurs qui le liait à l’enceinte portuaire était « juridiquement valide et en vigueur ». Ce que Djibouti contestait sans ménagement.
C’est donc en toute logique que cette décision en provenance de la Perfide Albion allait redistribuer les cartes dans cet épineux dossier. Car dans les faits, le terminal dans lequel DP World a investi 400 millions de dollars – était exploité conjointement par l’Autorité portuaire djiboutienne (66%) et par l’opérateur de Dubaï (33%).
DP World annonçait en effet en 2016 avoir traité plus de 900 000 conteneurs. Une véritable mine d’or en somme… Qu’il ne compte pas lâcher si facilement. Sachant que le petit pays de la Corne de l’Afrique bénéficie d’une confortable position à l’entrée de la mer Rouge en faisant face au détroit de Bab-el-Mandeb, quatrième passage maritime mondial pour l’approvisionnement énergétique.
Djibouti met pied à terre
Pour autant, ce marasme judiciaire n’a toujours pas encore trouvé son épilogue, bien que les décisions venues de la capitale britannique continuent de donner raison à Abou Dabi. Et pour cause, la cour d’arbitrage de Londres a rendu, le 10 janvier, un nouvel avis imposant à la République de Djibouti la restitution du terminal à conteneurs de Doraleh à l’opérateur.
Ainsi, « la décision comporte pour la première fois une évaluation par un expert indépendant des dommages causés à DP World, qui les a estimés à 1 milliard de dollars, sans précision sur le mode de calcul suivi », relaie Jeune Afrique. « Le communiqué qu’a publié le groupe le 13 janvier (confirme d’ailleurs) qu’en cas de non-respect de cet avis par les autorités djiboutiennes, le tribunal de Londres demandera l’indemnisation de ces dommages ».
De son côté, Djibouti, sentant le vent tourner, s’est contenté d’une réplique laconique en militant pour « une issue indemnitaire équitable et conforme au droit international ».
DP World garde le cap économiquement
Pour information, DP World connait parallèlement une ascension fleurissante après avoir mis la main sue Topaz Energy and Marine, pour 1,1 milliard de dollars au mois d’octobre 2019.
Très actif dans la Corne de l’Afrique, ce dernier continue d’ouvrir “ses chakras” en affinant sa présence sur les marchés d’Afrique du Nord, de l’Ouest, en mer Caspienne ou encore au Moyen-Orient. Et cela, via l’acquisition de l’armateur dubaïote et sa flotte de 117 navires.
