Gaza : « La communauté internationale doit tirer les leçons des erreurs passées »

Selon Care, Israël doit cesser sa politique de « renvois forcés » qui contraint les Palestiniens à la misère.

Il fallait réagir. Après 5 jours d’escalade qui ont vu la mort de près de 190 Palestiniens et 8 Israéliens, les diplomates du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) et les ministres des Affaires étrangères des pays musulmans se sont réunis d’urgence, ce week-end, pour demander l’arrêt des effusions de sang entre le Hamas et Israël. Dans le même temps, le Premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, déclarait lors d’une allocution télévisée que l’État hébreu « veut faire payer un lourd tribut » au mouvement islamiste qui contrôle la bande de Gaza. Cela « prendra du temps », a-t-il ajouté, laissant craindre le retour de la guerre, comme en 2014.

Le président américain, Joe Biden, qui avait plaidé, lors de sa prise de fonction en janvier dernier, pour la solution à deux États, a semblé souffler le chaud et le froid, à l’issue de la réunion, malgré les appels de certains démocrates pour que l’administration s’implique davantage sur ce dossier – notamment après que son prédécesseur, Donald Trump, a voulu le classer, en affichant un soutien clair à Israël et douchant définitivement les espoirs palestiniens de posséder leur propre État. L’ambassadrice américaine aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, a cependant déclaré que les États-Unis « travaillaient sans relâche par les voies diplomatiques » pour tenter de faire cesser les combats.

« Renvois forcés »

Ces derniers jours, la montée en flèche des violences entre Palestiniens et forces de l’ordre israéliennes a fait de nombreux morts et blessés. De nombreuses organisations humanitaires pointent du doigt l’escalade des tensions, qui s’intensifient depuis quelques jours dans tout le pays, aggravant un peu plus une « situation humanitaire déjà critique à Gaza – notamment à cause de la pandémie [de coronavirus] », s’alarme l’ONG Care, qui « condamne fermement et s’oppose aux violations flagrantes des droits humains », tout en exhortant « les parties au conflit à cesser immédiatement toute violence ».

« La communauté internationale doit tirer les leçons des erreurs du passé et agir de toute urgence pour faire en sorte que le conflit en cours se termine immédiatement en incitant les dirigeants – tant israéliens que palestiniens – à mettre fin aux combats. Après des décennies, le conflit a déjà fait de trop nombreuses victimes civiles des deux côtés et nous craignons que la situation ne se détériore rapidement davantage. » (Care)

Selon l’ONG, le gouvernement israélien doit également cesser sa politique de « renvois forcés qui menace l’existence même du peuple palestinien à Jérusalem-Est et contraint des familles et des communautés entières à la misère – devenues sans-abris ou privées de moyens de subsistance ». Ces actions, poursuit Care, sont contraires aux dispositions du droit international humanitaire qui obligent Israël, en tant que puissance occupante, à garantir les droits et la protection des Palestiniens résidant dans les territoires palestiniens occupés. « Israël viole également l’article 49 de la quatrième Convention de Genève qui interdit à une puissance occupante de transférer une partie de sa population civile vers des territoires occupés. »

La bande de Gaza accueille 2,2 millions de personnes et possède des infrastructures très limitées. Les accès sont contrôlés par l’Égypte et Israël, ce qui rend le départ des populations pratiquement impossible. Entre la pandémie et l’augmentation des violences, le secteur de la santé, déjà surchargé à Gaza, peine à répondre aux besoins urgents. « C’est pourquoi Care appelle à un accès sûr et sans entrave du personnel humanitaire et médical afin de pouvoir apporter l’aide nécessaire aux populations », affirme l’ONG dans son communiqué. « Nous demandons à la communauté internationale de veiller à ce que l’État d’Israël mette fin à sa politique discriminatoire profondément enracinée et systémique à l’encontre des Palestiniens qui perdure depuis des décennies. »

 

Crédits photo : Un homme passe devant les décombres de l’immeuble résidentiel Yazegi, détruit par une frappe aérienne israélienne, dans la ville de Gaza, dimanche 16 mai 2021 (AP Photo/Adel Hana).

Partages