Egypte : le prix du carburant enregistre jusqu’à 50 % d’augmentation

Cette mesure s’ajoute aux hausses répétés, ces derniers mois, du coût de la vie en Egypte.

Le coût de la vie, en Egypte, n’arrête pas d’augmenter. Après la hausse du prix du ticket de métro, le mois dernier, le gouvernement égyptien a annoncé, samedi, par la voix de son ministre du Pétrole, Tarek el-Molla, celle du prix du carburant. Ceci dans le cadre des réformes imposées par le Fonds monétaire internationale (FMI) afin de réduire le déficit public égyptien (environ 10 %), alors que le pays de 97 millions d’habitants connait une vaste crise depuis la révolution de 2011. D’après les chiffres publiés au Journal officiel égyptien, l’essence sans plomb 92 prendra ainsi 32 centimes d’euros (+35 %) et le diesel 26 centimes d’euros (+50 %), tandis que le prix des bouteilles de gaz augmentera également de 60 % pour les particuliers et de 50 % pour les commerçants.

Des mesures qui ne manqueront pas de fâcher les Egyptiens, qui s’attendent par exemple à une hausse du prix des courses en taxi ou en voitures de tourisme avec chauffeur (VTC), mais qui étaient « nécessaires pour préserver la stabilité de la situation financière » après la hausse des cours mondiaux du pétrole, a déclaré le ministre égyptien des Finances, Mohamed Maeit. Car le système de subventions aux produits pétroliers a tout de même coûté quelque 517 milliards de livres égyptiennes (25 milliards d’euros) au cours des cinq dernières années, d’après Tarek el-Molla. « L’Egypte a [ainsi] achevé plus de 90 % des mesures et des décisions difficiles du programme de réformes économiques » a annoncé dans la presse son homologue aux Finances.

« Filet social »

Pour mémoire, le FMI et les autorités égyptiennes ont signé en novembre 2016 un accord de prêt de 12 milliards d’euros en échange de réformes économiques. Sauf que, conséquence logique, les Egyptiens font face, depuis, à une inflation très marquée, et le gouvernement s’attend à une mobilisation sociale dans les prochains jours. Le mois dernier, après l’augmentation du prix du ticket de métro, il avait dû contenir quelques manifestations. Et n’hésitera vraisemblablement pas à faire de même. Abdel Fattah al-Sissi, réélu en mars dernier chef de l’Etat pour un deuxième mandat, a fait du redressement de l’économie égyptienne l’une de ses priorités – avec la lutte antiterroriste – et multiplie les mesures en ce sens. Qui peinent cependant à profiter aux Egyptiens.

C’est d’ailleurs ce que pointait du doigt le FMI dans son rapport publié en janvier dernier. Malgré de bons chiffres – une croissance qui s’accélère (+3,5 % en 2015-2016 et +4,8 % espéré en 2017-2018) et des recettes budgétaires qui progressent (+31,8 % en 2016-2017) -, l’institution avait d’ailleurs conseillé au gouvernement égyptien de mettre en place un « filet social » pour éviter aux plus pauvres de basculer dans une plus grande misère. Problème : les deux programmes censés venir en aide aux moins aisés, « Karama » et « Takaful », créés en 2015, ne bénéficient qu’à 1,7 million de familles, selon Jeune Afrique, et les fonctionnaires n’ont vu leur salaire augmenter que de 10 % au mieux. Le FMI espère à présent que le taux d’inflation ralentira bientôt à 12 %.

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