En 2016, déjà, des pourparlers avaient eu lieu sous l’égide de l’ONU, sans résultat.
Les Nations unies (ONU) ont invité le gouvernement yéménite et les rebelles Houthis à prendre part aux pourparlers de paix, qui se tiendront à Genève (Suisse) le 6 septembre prochain, a déclaré vendredi une porte-parole de l’ONU. « Je peux confirmer que le bureau de l’envoyé spécial [de l’ONU au Yémen, Martin Griffiths, ndlr] a envoyé des invitations au gouvernement du Yémen et à Ansarallah [la branche politique des Houthis, ndrl] », a effectivement déclaré Alessandra Vellucci lors d’une conférence de presse à Genève.
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Début août, M. Griffiths avait affirmé devant le Conseil de sécurité de l’ONU qu’une « solution politique était possible » au Yémen, et que les différentes parties seraient convoquées pour entamer des pourparlers de paix. Véritable serpent de mer depuis que le conflit yéménite s’est internationalisé en mars 2015 – et a fait, pour l’instant, plus de 10 000 morts -, l’issue « conventionnelle » semble pourtant difficile à trouver. Les affrontements dépassent le cadre du seul Yémen, puisque l’Arabie saoudite – qui dirige avec les Emirats arabes unis (EAU) une coalition soutenant le gouvernement yéménite – est opposée indirectement à l’Iran, sa bête noire au Moyen-Orient, épaulant quant à lui les rebelles houthistes.
« Résultats positifs »
A ce titre, Mme Vellucci a précisé qu’elle ne disposait d’aucune information sur une possible invitation à Genève de représentants de l’Iran, de l’Arabie saoudite ou des EAU. Dans le même temps, l’ambassadeur des Etats-Unis au Yémen, Mathew Tueller, de déclarer : « Nous nous attendons à ce que les négociations soient extrêmement modestes. » Pas de grande avancée à attendre, selon lui, des pourparlers de paix. Si ce n’est, éventuellement, une amélioration de la situation des Yéménites, alors que l’ONU a déclaré le Yémen « pire crise humanitaire au monde ».
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D’après le diplomate, il serait ainsi possible de parler de « résultats positifs », si les civils cessaient d’être pris pour cibles, si les prisonniers de guerre pouvaient être libérés, ou encore si les deux parties regagnaient mutuellement la confiance de l’autre. « Même si les résultats étaient humbles, cela donnera encore de l’espoir aux Yéménites, dont les souffrances augmentent à cause de la guerre » a précisé Mathew Tueller. D’après l’ONU, plus de 22 millions de personnes dépendent actuellement d’une aide humanitaire, et 7 à 8 millions de Yéménites souffrent gravement de la faim.
Concessions
L’offensive menée à Hodeïda (ouest), la première ville portuaire du Yémen, par l’Arabie saoudite, en juin dernier, pour y déloger les rebelles houthistes, n’avait fait qu’aggraver une situation humanitaire déjà catastrophique. Des dizaines de milliers d’habitants avaient été contraints d’abandonner leur logement, ce qui avait poussé l’ONG internationale Care, qui intervient dans le pays de la Péninsule arabique, à appeler à une paix immédiate. « C’est l’unique moyen de sauver le pays de la pire catastrophe humanitaire de tous les temps » selon Johan Mooij, son directeur.
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Sauf que personne ne semble très optimiste quant aux pourparlers de Genève de septembre prochain. Même le gouvernement yéménite, en fuite en Arabie saoudite, a peu d’espoir de voir ces consultations déboucher sur une solution politique. Et préfère renvoyer la balle dans le camps des Houthis, qu’il accuse de n’être pas prêts à faire des concessions. En 2016, déjà, des échanges sous l’égide de l’ONU avaient eu lieu, et s’étaient soldés par un échec, les rebelles refusant notamment d’abandonner ses positions et de partager le pouvoir avec le gouvernement.

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