Tel-Aviv a décidé dimanche dernier de geler une aide de 138 millions de dollars à destination de l’Autorité palestinienne.
Ce n’est pas un secret, Benjamin Netanyahou souhaite mettre fin aux exactions palestiniennes contre les colonies israéliennes en sanctionnant les familles des assaillants. A ce titre, le chef d’Etat hébreu mène campagne en faveur d’une loi permettant à l’armée de « délocaliser » en Cisjordanie les proches des frondeurs.
Pour autant, l’intéressé ne s’arrête pas en si bon chemin puisque son travail de sape se bonifie en actionnant plusieurs leviers. Ce fut par exemple le cas en octobre dernier lorsque Tel-Aviv a suspendu des livraisons de fioul à destination de l’enclave gazaouie.
De son côté, la carte pécuniaire a été actionnée très récemment. Le bureau du Premier ministre, Benjamin Netanyahou, a en effet annoncé dimanche 17 février le gel de 138 millions de dollars à destination de l’Autorité palestinienne. Et cela afin de protester contre les allocations que cette dernière verse aux familles de prisonniers palestiniens (1), considérés comme terroristes par Tel-Aviv. Mais comme « martyrs » par Ramallah, qui voit en eux des héros luttant contre la colonisation israélienne.
« Détruire l’Autorité palestinienne »
Le gouvernement israélien a normalement pour obligation de reverser à « l’ennemi » la TVA et les droits de douane qu’il prélève sur les produits importés par les Palestiniens. Mais en cour-circuitant ces mouvements financiers salvateurs, il dispose d’un moyen de pression non négligeable sur son « encombrant » voisin.
Concrètement, ce mécanisme pernicieux découle d’une loi votée en juillet 2018 par le Knesset. Jamais mis en oeuvre jusque-là, le texte vise en effet à suspendre les versements à hauteur du montant des allocations obtenues par les auteurs d’attaques anti-israéliennes ainsi que leurs familles. Une mesure que les autorités palestiniennes ont évidemment de nouveau critiqué, dimanche dernier.
Le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, Nabil Abou Roudeina, a déclaré dans un communiqué que « cette décision arbitraire israélienne viole de manière unilatérale les accords signés […]. » Tandis qu’Ahmed Majdalani, un responsable de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), a estimé que « le gouvernement d’occupation cherche [ainsi] à détruire l’Autorité palestinienne ».
(1) En janvier 2019, 5 450 Palestiniens restaient incarcérés dans les geôles israéliennes, dont 495 en détention administrative (sans procès) et 215 enfants, selon le site Internet Addameer.
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