L’ONU a appelé les autorités du pays à « protéger » davantage les Sud-Soudanaises victimes d’agressions sexuelles.
Dans un rapport publié vendredi dernier, les Nations unies (ONU) s’alarment de « la persistance élevée des violences sexuelles » au Soudan du Sud. Et plus particulièrement dans la région de l’Unité (nord), où « au moins 134 femmes et [ont été] violées, et 41 ont subi d’autres formes de violence sexuelle et physique, entre septembre 2018 et décembre 2018 ». Bien que les attaques contre les civils aient « considérablement diminué », depuis la signature de l’accord de paix le 12 septembre dernier, « la violence sexuelle endémique liée au conflit se poursuit dans le nord de l’Unité », souligne le rapport, cosigné par la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (MINUSSI).
« Il n’y a pas d’échappatoire »
Les 5 ans de guerre civile – où près de 400 000 personnes ont trouvé la mort – entre les forces du président sud-soudanais, Salva Kiir, et celles du vice-président et chef des rebelles, Riek Machar, ont laissé un pays en proie à l’insécurité, due notamment au « grand nombre de combattants en mode ‘‘veille’’, qui attendent la mise en œuvre de l’accord de paix, [à] la présence de nombreuses milices de jeunes armées et l’absence de responsabilité pour les violences sexuelles », rapporte l’ONU.
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Les axes routiers, surtout, pullulent de ces groupes de combattants, appartenant aussi bien au camp du président qu’à celui du chef rebelle. Et les femmes et filles sud-soudanaises à la recherche d’eau et de nourriture, souligne le rapport, n’ont parfois pas d’autres choix que de les emprunter. Même si la violence sexuelles des différentes milices n’a visiblement pas de frontières. « Nous, les femmes, n’avons pas le choix. Il n’y a pas d’alternative pour nous. Si nous empruntons la route principale, nous sommes violées. Si nous passons par la brousse, nous sommes violées. Nous avons évité la route parce que nous avons entendu des histoires horribles […], mais il nous est arrivé la même chose. Il n’y a pas d’échappatoire », a déploré une jeune femme sud-soudanaise de 30 ans, violée à trois reprises.
« Tribunaux mobiles »
Face à la recrudescence de ces crimes, Michelle Bachelet, la haute-commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, a exhorté « le gouvernement du Sud-Soudan à prendre les mesures adéquates pour protéger les femmes et les filles, à enquêter rapidement et de manière approfondie sur toutes les allégations de violence sexuelle et à demander des comptes aux auteurs de ces actes ». Car pour l’instant, selon elle, « l’instabilité de la situation conjuguée à l’absence de responsabilité […] conduit probablement les acteurs armés à croire qu’ils peuvent s’en tirer avec le viol et d’autres formes horribles de violence sexuelle ».
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Peu après avoir reçu les premiers rapports indiquant une augmentation des cas d’agression sexuelle, la MINUSSI a d’ailleurs pris contact avec les dirigeants politiques sud-soudanais et les services de sécurité. Avant de mettre en place des « tribunaux mobiles » dans les zones les plus sensibles et de « collaborer avec les autorités judiciaires locales » afin de poursuivre les combattants soupçonnés de violence sexuelle.
