Pour un responsable du Hezbollah, Mohamed ben Salman est « le Hitler de notre temps »

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18.03.2018

Le parti chiite accuse l’Arabie saoudite de vouloir interférer dans la politique libanaise.

Le Liban est plus que jamais au cœur de la lutte régionale entre l’Arabie saoudite et l’Iran. Dans le geste comme dans le verbe. Hier, le cheikh Nabil Kaouk, membre du conseil central du Hezbollah, a comparé – sans le nommer – le prince héritier saoudien, Mohamed ben Salman, à Adolf Hitler, ni plus ni moins. Ceci en référence à des propos tenus par le fils du roi Salman, qui avait dressé un parallèle entre le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, et le dictateur nazi.

« Simple d’esprit »

« Ce sont ceux qui commettent des massacres au Yémen contre des enfants, des femmes et des personnes âgés, qui les noient dans des mers de sang et qui imposent un siège à sa population pauvre, qui sont le Hitler de notre temps et des Arabes, car ils alimentent la haine et la guerre, dépensent de l’argent pour opposer les peuples les uns contre les autres », a effectivement déclaré M. Kaouk lors d’une allocution à Aïtit, au Liban-Sud.

« MBS », de son côté, avait fait le rapprochement entre les velléités expansionnistes iraniennes et celles d’Adolf Hitler, dans une interview accordée à la chaine de télévision CBS – diffusée aujourd’hui. D’après l’homme fort d’Arabie saoudite, le Guide suprême de la République islamique souhaite ainsi « créer son propre projet au Moyen-Orient tout comme Hitler voulait s’étendre en son temps. » Une provocation à laquelle l’Iran – et ses soutiens – avait répondu.

« Ces propos n’ont pas de valeur […] Ils émanent d’un simple d’esprit plein d’illusions qui ne prononce que des paroles amères et mensongères » s’était exprimé le porte-parole de la diplomatie iranienne, Bahram Ghassemi. « L’Iran est l’Etat qui a aidé l’Irak et la Syrie à affronter le danger que représente Daesh [acronyme arabe du groupe Etat islamique, ndlr]. [Qui] aurait pris le contrôle des pays du Golfe et serait arrivé aux portes de l’Europe » a affirmé Nabil Kaouk.

« Frustration »

Quand les deux pays ne s’affrontent pas – de manière indirecte pour l’instant – sur les terrains de guerre au Moyen-Orient, comme au Yémen, ils s’adonnent donc à la bataille des mots. Le membre du Hezbollah de dénoncer, d’ailleurs, les « ingérences » des Saoudiens dans les élections législatives libanaises, prévues le 6 mai prochain. « Ingérences » qui créent, selon lui, « la division et les tensions politiques et entraînent le Liban vers une nouvelle phase de sédition interne. »

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De son côté, Riyad dénonce régulièrement la volonté de l’Iran, à travers le parti du Hezbollah, de vouloir influer sur la politique intérieure du Liban. MBS avait d’ailleurs sommé le Premier ministre libanais, Saad Hariri, de présenter sa démission, en novembre dernier, à cause de cette trop grande intrusion. Démission sur laquelle il était finalement revenu, quelques jours plus tard, grâce notamment à l’entremise d’Emmanuel Macron, qui avait reçu le responsable politique libanais.

Malgré tout, le leader du Hezbollah n’en démord pas : « En intervenant ainsi dans ce scrutin en formant des listes et soutenant des candidats face au Hezbollah, l’Arabie saoudite veut modifier les équilibres politiques, tout en cherchant à compenser ses défaites […] au Yémen. » Où, depuis trois ans, l’armée saoudienne épaule celle du gouvernement, qui lutte contre les rebelles houthistes, soutenus de leur côté par l’Iran. « Ils n’en tireront que de la frustration » a prévenu le responsable chiite.

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