Celui-ci serait au pouvoir pendant 4 ans, en remplacement du Conseil militaire qui a déposé Omar el-Béchir la semaine dernière.
Mercredi, des centaines de personnes ont rallié le quartier général de l’armée, à Khartoum, la capitale soudanaise, devenu l’épicentre du soulèvement populaire au Soudan. Parmi les médecins et autres professionnels de santé qui déambulaient pour rejoindre le sit-in, de nombreux manifestants arboraient un manteau blanc et brandissaient des drapeaux en chantant : « La liberté, la paix, la justice et la révolution sont le choix du peuple ».
Aucun calendrier
Aya Abdel Aziz, étudiante en médecine âgée de 22 ans, a déclaré à l’agence AP qu’elle avait décidé de se joindre à la marche, entamée à l’université de Khartoum, afin de faire pression en faveur des droits des femmes. « Nous exigeons que les femmes soient représentées au sein du conseil civil de transition », a-t-elle affirmé, tandis que l’Association des professionnels soudanais (SPA), à l’origine des manifestations qui ont éclaté le 19 décembre dernier au Soudan, appelait lundi dernier à la dissolution du Conseil militaire de transition.
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Mardi, déjà, des milliers de personnes avaient afflué devant le QG militaire avec un message clair : la destitution, jeudi dernier, par l’armée, du président Omar el-Béchir, et les promesses du Conseil militaire d’instaurer un gouvernement civil, sans donner aucun calendrier, ne suffisent pas. La SPA, tout comme les milliers de manifestants, souhaitent que les militaires cèdent effectivement le pouvoir à un gouvernement civil de transition, qui gouvernerait pendant 4 ans. Et auquel pourraient prendre part des représentants de l’armée soudanaise – dominée par des personnes nommées par le chef de l’Etat déchu.
Scénario « à l’égyptienne »
Ce dernier, placé en résidence surveillée au sein de la résidence présidentielle, située à l’intérieur du QG de l’armée, a été transféré mardi soir à la prison de Koper, à Khartoum. Celle-là même qui « accueillait » sous son règne les prisonniers politiques, pour la petite histoire. Devant la volonté de l’armée de traduire en justice Omar el-Béchir – et son refus de l’extrader devant la Cour pénale internationale, où il doit répondre d’accusations de crimes de guerre et de génocide commis dans la région du Darfour (300 000 morts selon les Nations unies) -, Amnesty International s’est empressée d’appeler ses dirigeants à le protéger, ainsi que les autres détenus, « contre la torture et autres mauvais traitements ».
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Si l’ambiance des rassemblements de ces derniers jours est plutôt joyeuse, les manifestants ne sont pas dupes. Ils comptent maintenir la pression sur l’armée pour éviter un scénario « à l’égyptienne ». Dans le pays voisin, deux ans après la chute d’Hosni Moubarak – au pouvoir depuis 30 ans, comme Omar el-Béchir -, l’armée avait pris le pouvoir, pour ne plus le lâcher jusqu’à aujourd’hui. Mardi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a chargé l’un de ses conseillers spéciaux, Nicholas Haysom, d’apporter son appui aux efforts de médiation de l’Union africaine (UA). Qui a menacé la veille de suspendre le Soudan de l’organisation panafricaine si l’armée ne quittait pas le pouvoir d’ici 15 jours…
