Le Yémen exsangue appelle à l’aide financière

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19.01.2018

L’Arabie saoudite, responsable en grande partie de la détérioration de la situation dans le pays, lui versera 2 milliards de dollars.

En temps de guerre, Facebook aussi peut servir à communiquer. Mardi, Ahmed ben Dagher, le Premier ministre yéménite, a posté sur sa « page » une lettre adressée aux « alliés » du Yémen, les appelant à « sauver le riyal » afin de « sauver les Yéménites de la famine ». La monnaie du pays a vu son cours s’effondrer petit à petit face au dollar – qui vaut aujourd’hui près de 220 riyals – et le gouvernement exhorte ainsi ses soutiens internationaux à transférer des liquidités à la Banque centrale yéménite. Qui se trouve à Aden, la capitale provisoire du Yémen, où est installé l’exécutif reconnu par la communauté internationale.

« Détérioration de la situation économique »

De son côté, Abd Rabbo Mansour Hadi, le président yéménite, s’est entretenu le même jour avec Mohamed ben Salman (« MBS »), le prince héritier saoudien, afin de lui faire part des « difficultés économiques » que traverse son pays, qui dépend largement de l’aide internationale et des importations alimentaires. D’après le Bureau des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), qui chiffre à 2,3 milliards de dollars l’appui financier nécessaire pour tirer le Yémen de la misère, plus des trois quarts de la population nécessite en effet une aide humanitaire. Et plus de 8 millions de personnes risquent la famine.

Premier soutien du gouvernement yéménite, l’Arabie saoudite a été prompte à réagir à son appel. Riyad a annoncé, hier, qu’elle transférerait 2 milliards de dollars au Yémen, « pour faire face à la détérioration de la situation économique à laquelle le peuple yéménite est confronté à la suite des actions des milices houthistes soutenues par l’Iran » a indiqué le ministre de l’Intérieur. Une aide qui s’inscrit « dans le prolongement de l’appui du royaume au peuple yéménite », le premier étant à la tête d’une coalition de pays arabes depuis mars 2015 pour combattre les rebelles houthistes.

5 000 enfants tués ou blessés

Problème : le Yémen est aujourd’hui un Etat déliquescent sans institutions fortes ; le gouvernement en exil de M. Hadi est bien incapable d’utiliser à bon escient l’argent des Saoudiens, par ailleurs accusés d’être responsables en grande partie des plusieurs dizaines de milliers de morts civiles qu’ont fait les combats depuis près de trois ans. Le pays du sud de la Péninsule arabique est effectivement l’un des théâtres moyen-orientaux de l’affrontement entre Riyad et Téhéran, celle-ci apportant un soutien limité aux Houthis. Qui ont effectué, ces derniers mois, plusieurs tirs de missile en direction de la capitale saoudienne, de quoi renforcer les tensions entre les deux puissances.

La question peut se poser, à présent, de savoir si l’aide majuscule apportée par l’Arabie saoudite au Yémen incitera, ou non, l’Iran à l’imiter. Le ministre saoudien de l’Intérieur, dans son annonce, hier, a employé des termes volontairement hostiles à Téhéran, qui pourrait vouloir ainsi calmer le jeu. Et montrer qu’elle n’est pas responsable de la dégradation de la situation au Yémen, où les conflits ont fait plus de 8 000 morts et 3 millions de déplacés à l’intérieur des frontières. Et où 5 000 enfants ont été tués ou blessés d’après un rapport de l’UNICEF.

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