Le vice-président des Emirats pourrait être un problème à régler au plus vite pour les ambitions et l’image de Mohamed ben Zayed.
Dans nos pays occidentaux, l’affaire aurait fait grand bruit et aurait été réglée depuis bien longtemps déjà. La pression politique qui règne aux Emirats arabes unis (EAU), ancien paradis libéral pour certains, touche de près les membres mêmes de la famille régnante. Chez nous, harcèlement sexuel et violences conjugales ou familiales ne laissent guère d’espoir à une carrière politique durable. Mais l’affaire qui ébranle la dynastie Al Nahyane – la plus ancienne d’Arabie -, actuellement, suite aux graves accusations portées contre l’émir Mohamed ben Rachid Al Maktoum, accessoirement aussi vice-président des EAU et Premier ministre des EAU depuis 14 ans, ne semble pas affoler outre-mesure l’homme fort des Emirats, le prince héritier Mohamed ben Zayed.
Fils de feu Cheikh Rachid ben Saïd Al Maktoum (mort en 1990), il est à 70 ans l’actuel émir de Dubaï, mais aussi le vice-président, Premier ministre et ministre de la Défense de la Fédération émiratie (quand MBZ est théoriquement chef adjoint des forces armées mais dont le rôle va au-delà). Il est issu de la famille Al Maktoum appartenant à la tribu Bani Yas. En tant qu’émir de Dubaï, il a succédé à son frère Maktoum ben Rachid Al Maktoum le 5 janvier 2006 comme 13ème émir de Dubaï. Après avoir suivi une formation militaire, Mohammed ben Rachid Al Maktoum a été nommé chef de la police et de la Force de défense de Dubaï.
Mais il risque rapidement d’être un problème à régler au plus vite pour les ambitions et l’image de Mohamed ben Zayed. Car les Emirats passent leur temps à lisser leur image aux yeux des Occidentaux. Là, cela fait désordre. Nous savions la France grande amie des Emirats, pour des raisons économiques, militaires, mais les Emirats ont aussi de grands amis outre-Manche. Le fameux émir de Dubaï traverse une véritable tourmente judiciaire, après que l’une de ses six femmes, la princesse Haya, l’a accusé de violence et graves menaces et s’est enfuie en avril 2019 avec ses deux filles à… Londres. Mais elle n’est pas la seule, car une deuxième de ses femmes a porté plainte pour violence, séquestrations et tortures. Le masque semble tomber pour cet homme bien connu du tout Londres et du tout Paris, alors qu’il frise les 70 ans et semble avoir largement trompé son monde pendant toutes ces années.
Problème de taille : Mohamed Ben Rachid Al Maktoum, partageant une passion commune avec Buckingham pour les chevaux, est un ami personnel de la reine Elizabeth II. Comme si le Palais avait besoin d’un scandale supplémentaire en ce moment. A son arrivée en Grande-Bretagne, la princesse déchue demande à la justice anglaise la garde de facto de ses deux filles et accuse son ex-mari de séquestration des princesses Shamsa et Latifa et de tentative d’enlèvement. En 2018, Latifa avait fait une vidéo sur Youtube pour dénoncer la violence qu’elle subissait de son père. Ayant tenté de fuir, elle avait été ramenée de force dans son pays. De son côté, l’émir de Dubaï qui a déjà 28 enfants réclamait le retour de ses deux filles sur le sol émirati. La justice britannique a récemment tranché : condamnant les menaces et les mesures d’intimidation contre sa femme, elle a donné raison à la princesse qui reste terrée à Londres. De quoi les Al Maktoum peuvent-ils être encore capables ?
Crédits photo : L’émir Mohamed ben Rachid Al Maktoum et la princesse Haya en 2017. EPA Photo
