En Irak, Moqtada Sadr promet de mettre fin à la corruption

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19.05.2018

Le leader chiite devra toutefois composer avec les autres formations politiques.

Après quelques jours de flottement, les résultats ont fini par tomber. Et c’est bien, comme pressenti, le leader chiite Moqtada Sadr qui a remporté les législatives irakiennes du 12 mai dernier, marquées par un fort taux d’abstention – alors que c’était la première fois depuis la chute de l’organisation Etat islamique (EI) en 2017 que les Irakiens se rendaient aux urnes. Son alliance avec les communistes remporte ainsi 54 sièges (sur 329), contre 47 fauteuils pour les partisans de la milice paramilitaire Hachd al-Chaabi (d’obédience chiite) et 42 pour ceux du Premier ministre sortant, Haïder al-Abadi.

Rendu célèbre par son combat contre les forces américaines en Irak, le religieux de 44 ans, candidat anti-système, devra toutefois composer avec l’ensemble des forces politiques du pays, s’il souhaite endiguer la corruption, « affaiblie » grâce à sa victoire selon lui, et réelle plaie d’un pays qui tente (continuellement ?) de se reconstruire. « Nous entrons dans la phase de formation des coalitions » a d’ailleurs déclaré à l’AFP le politologue irakien Hicham al-Hachémi. Et si les tractations sont déjà en cours, la tâche s’annonce rude pour Moqtada Sadr.

« Les baleines »

Il devra pourtant mettre sur pieds une alliance s’il souhaite que son courant, La marche pour la réforme, dirige l’Irak pour les quatre prochaines années. Et tente de mettre fin au clientélisme qui règne dans les sphères du pouvoir. Selon le mot d’un homme d’affaires français, rapporté par le Figaro en octobre dernier – alors que le Premier ministre irakien était en déplacement à Paris -, « la corruption en Irak, ce n’est pas un fléau, c’est un système de gouvernance ». Le pays étant effectivement l’un des plus corrompus au monde – 166ème sur 176 Etats, selon l’ONG Transparency International.

Dans les années qui ont suivi la chute de Saddam Hussein en 2003, alors que le pétrole coulait à flots – et l’argent avec -, de nombreux ministres et autres dirigeants, appelés dans le milieu « les baleines », ont détourné des milliards de dollars, sans que le pouvoir ne puisse (veuille ?) agir. En 2015, par exemple, le Parlement irakien avait empêché Haïder al-Abadi de mettre en oeuvre des réformes pourtant cruciales afin de lutter contre le fléau de la corruption, alors que le Premier ministre, pour répondre à la grogne de la population, s’était engagé à y mettre fin.

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