Brouille Riyad-Abou Dhabi : l’OPEP décide de calmer le jeu

« Ce qui nous lie est bien au-delà de ce que vous pouvez imaginer », a déclaré le ministre saoudien de l’Énergie.

L’OPEP et les pays alliés ont convenu, dimanche, de relever les limites de production imposées à cinq pays l’année prochaine et d’augmenter leur production de 2 millions de barils par jour d’ici la fin de l’année, mettant ainsi fin à un différend qui a ébranlé les marchés pétroliers.

Le désaccord, déclenché par la demande des Émirats arabes unis d’augmenter leur propre production, a temporairement bouleversé une réunion antérieure du cartel, début juillet. Dans un communiqué publié dimanche, l’OPEP a finalement annoncé que l’Irak, le Koweït, la Russie, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis verraient leurs limites augmenter.

« Ce qui nous lie est bien au-delà de ce que vous pouvez imaginer, a déclaré le ministre saoudien de l’Énergie, le prince Abdelaziz ben Salman. Nous différons ici et là, mais nous sommes liés », a-t-il ajouté, sans donner plus de détails quant à la manière dont ils sont parvenus à ce consensus, affirmant, un peu énigmatique, que cela ferait perdre à l’OPEP « l’avantage d’être mystérieux et réfléchi ».

En revanche, celui-ci s’est clairement braqué à l’évocation du différend entre Riyad et Abou Dhabi. Son homologue émirati, Suhail al-Marouzei, a également souhaité faire baisser la pression : « Les Émirats arabes unis sont engagés dans ce groupe et travailleront toujours avec lui et au sein de ce groupe pour faire de leur mieux afin d’atteindre l’équilibre du marché et d’aider tout le monde », a-t-il déclaré.

Pas de quoi atténuer toutes les tensions entre les deux « alliés ». En dehors de l’OPEP, des tensions subsistent entre eux. Les Émirats arabes unis se sont largement retirés de la guerre menée par l’Arabie saoudite au Yémen, tout en reconnaissant diplomatiquement Israël. L’Arabie saoudite a également rouvert ses portes au Qatar après un boycott d’un an, bien que les relations restent glaciales entre Abou Dhabi et Doha. L’Arabie saoudite a également cherché de manière agressive des sièges d’entreprises internationales, ce qui pourrait affecter le centre d’affaires des Émirats arabes unis, Dubaï.

Selon les nouvelles limites de production, les Émirats arabes unis pourraient produire jusqu’à 3,5 millions de barils de pétrole brut par jour à partir de mai 2022. Ce chiffre est inférieur aux 3,8 millions de barils par jour qu’ils auraient cherché à obtenir. La limite de l’Arabie saoudite, qui est de 11 millions de barils par jour, passerait à 11,5 millions, tout comme celle de la Russie. L’Irak et le Koweït ont connu des augmentations moins importantes.

Dans sa déclaration, l’OPEP a reconnu que les prix du pétrole continuaient à s’améliorer. « La reprise économique s’est poursuivie dans la plupart des régions du monde avec l’aide de l’accélération des programmes de vaccination », a déclaré le cartel.

Les prix du pétrole se sont effondrés au moment de la pandémie de coronavirus, la demande de kérosène et d’essence ayant chuté en raison des fermetures d’usines dans le monde entier, ce qui a brièvement fait chuter les prix à terme du pétrole. Depuis, la demande a rebondi car les vaccins, bien qu’ils soient encore distribués de manière inégale dans le monde, ont été distribués dans les principales économies mondiales.

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