« La sécurité et la stabilité » de la Corne de l’Afrique, pour bientôt ?

L’Ethiopie vient de signer avec l’Erythrée, son ancienne colonie, un accord de paix historique, dimanche en Arabie saoudite.

Un puissant vent d’espoir souffle sur la Corne de l’Afrique, a déclaré le secrétaire général des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, dimanche dernier à Djeddah (Arabie saoudite), alors qu’il assistait à la signature d’un accord de paix entre l’Ethiopie et l’Erythrée. « La signature de l’accord de paix entre le président érythréen et le Premier ministre éthiopien est en effet un événement historique, a-t-il souligné. Nous avons été témoins d’un conflit qui dure depuis des décennies, qui prend fin et qui a une signification très importante dans un monde où nous voyons, malheureusement, tant de conflits se multiplier et durer éternellement. » Même son de cloche du côté saoudien. Sur Twitter, le ministère des Affaires étrangères – qui a facilité la signature – a précisé que l’accord constitue « un jalon historique pour les peuples éthiopien et érythréen, et contribuera à renforcer la sécurité et la stabilité dans la région. »

Les deux pays d’Afrique de l’Est, en conflit depuis plusieurs décennies – dont deux années de guerre ouverte entre 1998 et 2000 qui ont fait quelque 80 000 victimes -, ont commencé à se rapprocher sérieusement en juin dernier, marquant un dégel des relations bilatérales. Et le 9 juillet, le président de l’Erythrée, Isaias Afwerki, et le Premier ministre de l’Ethiopie, Abiy Ahmed, ont signé une « déclaration conjointe de paix et d’amitié », qui servira de base à l’accord paraphé en Arabie saoudite dimanche dernier. La déclaration prévoyait effectivement que « les deux pays œuvreront à promouvoir une étroite coopération, dans les secteurs de la politique, de l’économie, du social, de la culture et de la sécurité ». Impensable il y a encore quelques années, tout comme le franchissement de la frontière érythréenne par des Ethiopiens, mardi 11 septembre dernier.

Pacifier la Corne de l’Afrique

Conscient de la tâche qu’il reste à accomplir à l’intérieur de la Corne de l’Afrique, Antonio Guterres a ajouté : « Ce n’est pas seulement la paix entre l’Ethiopie et l’Erythrée, c’est le fait que demain et après-demain, nous aurons, ici en Arabie saoudite, le président de Djibouti et le président de l’Erythrée, deux pays qui ont également été en désaccord. » En 2008, une querelle le long de leur frontière commune avait effectivement fait plusieurs morts et des prisonniers des deux côtés. Vendredi dernier, avant la signature de l’accord entre Addis-Abeba et Asmara, les Erythréens et Djiboutiens ont donc annoncé qu’ils normaliseraient leurs relations diplomatiques. Et les deux parties se sont entretenues comme convenu avant-hier à Djeddah. L’occasion pour le président djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh (IOG), de rappeler son attachement à la pacification des rapports dans la Corne de l’Afrique.

« La disponibilité dont fait montre aujourd’hui la République de Djibouti au sujet de la normalisation de ses relations avec l’Erythrée est loin d’être nouvelle. […] De façon plus générale, l’attachement [du pays] à la paix s’inscrit dans le droit fil de sa conviction profonde selon laquelle notre région ne peut légitimement prétendre à un développement durable et à une véritable intégration économique sans la réalisation préalable d’une stabilité pérenne. » Ismaïl Omar Guelleh, président de la République de Djibouti.

Jeudi 6 septembre dernier, les ministres des Affaires étrangères de l’Erythrée, de l’Ethiopie et de la Somalie, se trouvaient d’ailleurs à Djibouti dans le but de signer un accord de coopération, « pour travailler ensemble à la restauration de la paix et de la stabilité dans la région », a indiqué le porte-parole du secrétaire général de l’ONU. Qui a également souligné « les progrès remarquables [que ces pays] ont récemment réalisés » afin de pacifier la région. Pour rappel, en mai 2013, l’ensemble des chefs d’Etats et de gouvernements africains se sont engagés à éradiquer du continent tous les conflits et guerres d’ici 2020. D’après le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, qui réagissait en juin dernier au rapprochement entre Addis-Abeba et Asmara, une stabilité retrouvée dans la Corne ne fera qu’inciter les autres Etats africains en conflit à la désescalade.

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