Colonies israéliennes en Palestine : la dernière provocation des Etats-Unis

Mardi, le Premier ministre israélien s’est félicité de la décision américaine, qu’il a qualifiée de « grand accomplissement ».

L’administration Trump a déclaré, lundi 18 novembre, qu’elle ne considérait plus les colonies israéliennes en Cisjordanie comme une violation du droit international, inversant 4 décennies de politique américaine et sapant davantage les efforts des Palestiniens pour devenir un État.

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Le secrétaire d’État Mike Pompeo a annoncé que les États-Unis rejetaient l’avis juridique du département d’État de 1978, selon lequel les établissements civils dans les territoires occupés sont « incompatibles avec le droit international ». Les dirigeants israéliens se sont félicités de cette décision, tandis que les Palestiniens et d’autres nations ont averti qu’elle compromettait toute chance de parvenir à un accord de paix plus large.

« Dure vérité »

Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo prend la parole lors d'une conférence de presse au département d'État à Washington, le lundi 18 novembre 2019. Entre autres sujets abordés, celui des colonies israéliennes en Cisjordanie. (AP Photo/Andrew Harnik).

M. Pompeo a déclaré aux journalistes du département d’État que l’administration Trump estime que toute question juridique concernant les colonies de peuplement devrait être résolue par les tribunaux israéliens. Et que le fait de les déclarer comme une violation du droit international détourne l’attention des efforts plus importants visant à négocier un accord de paix :

« Appeler à l’établissement de règlements civils incompatibles avec le droit international n’a pas fait avancer la cause de la paix, a-t-il effectivement affirmé. La dure vérité, c’est qu’il n’y aura jamais de résolution judiciaire du conflit, et les arguments sur la question de savoir qui a raison et qui a tort en droit international n’apporteront pas la paix. »

Ce changement reflète l’adhésion de l’administration Trump à une vision israélienne intransigeante au détriment de la quête palestinienne d’un État palestinien. Des mesures similaires ont été prises, notamment la décision du président Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, le déplacement de l’ambassade des États-Unis dans cette ville et la fermeture du bureau diplomatique palestinien à Washington.

« Plus de violence et de cruauté »

Le Premier ministre israélien s’est quant à lui rendu en Cisjordanie, mardi 19 novembre, pour célébrer l’annonce faite par les États-Unis, qualifiée de « grande réalisation [qui a servi à] réparer un tort historique ». « Je pense que c’est un grand jour pour l’Etat d’Israël et un accomplissement qui durera des décennies », a ajouté Benjamin Nétanyahou, alors qu’il prenait part à un rassemblement de partisans et de dirigeants colons à Alon Shvut, une colonie en dehors de Jérusalem.

Les Palestiniens, qui prétendent que la Cisjordanie fait partie d’un futur État, ainsi que d’autres pays affirment que cette décision compromet toute chance d’un accord de paix plus large. Actuellement, plus de 400 000 colons vivent en Cisjordanie, auxquels s’ajoutent plus de 200 000 Israéliens à Jérusalem-Est, la capitale palestinienne – revendiquée par l’Etat hébreu. Le chef de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a joint sa parole aux critiques pour condamner la décision de Donald Trump,  qui entraînera selon lui « plus de violence et de cruauté » de la part des colons israéliens contre les Palestiniens.

En 2018, d’ailleurs, selon les chiffres du Bureau des Nations unies pour les affaires humanitaires (OCHA), 295 Palestiniens ont été tués par les forces armées israéliennes, en Cisjordanie ou à Gaza, et près de 30 000 blessés. « Il s’agit du plus grand nombre de morts en un an depuis le conflit de Gaza en 2014 et du plus grand nombre de blessés enregistrés depuis que l’OCHA a commencé à documenter les victimes dans les territoires palestiniens occupés en 2005 », renseignait l’agence onusienne fin décembre dernier.

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