Au contraire de la France, la Suisse milite pour que ses citoyens partis combattre en Syrie ou en Irak soient jugés sur place.
« Notre priorité reste la sécurité de la population et des forces de l’ordre suisses. Je préfère que les djihadistes soient jugés sur place. Est-ce qu’on peut mettre en danger des Suisses pour rapatrier des gens qui sont partis de leur propre gré pour faire la guerre en Syrie et en Irak ? Est-ce que c’est possible de les juger sur place ? Récolter les preuves, avoir une procédure normale sur place, c’est déjà difficile… Alors, imaginez les tribunaux suisses qui, tout à coup, doivent juger un comportement qui s’est produit en Syrie ! »
Sollicitée par la RTS sur la problématique des Helvètes qui se sont laissés séduire par les méandres du djihad, la ministre suisse de la Justice, Karin Keller-Sutte, n’a pas mâché ses mots. Et pour cause, l’Etat fera tout ce qui est en son pouvoir pour ne plus jamais revoir « ses mauvais élèves ». Une position qui dénote en tout cas avec le communiqué publié fin janvier par le Quai d’Orsay.
« Compte tenu de l’évolution de la situation militaire dans le nord-est syrien, nous examinons toutes les options pour éviter l’évasion et la dispersion de ces personnes. »
La France sous pression américaine
Paris songerait en effet à rapatrier au bercail les djihadistes français capturés par les Kurdes sur ce territoire dévasté. Logiquement, les FDS Kurdes vont avoir beaucoup plus de pain sur la planche avec le retrait progressif de Syrie de son allié américain. Un départ qui provoquerait inévitablement une redistribution des forces en présence, puisque le FDS se trouverait de facto sous la menace turque ou de Damas.
Or ce balai diplomatique n’est pas sans conséquence pour la France puisque le FDS dispose de prisonniers encombrants pour l’Elysée. Ces derniers pourraient ainsi s’échapper à l’étranger et frapper l’Hexagone si les Kurdes venaient à répartir leurs combattants sur plusieurs fronts. Dans ce contexte, Paris souhaite donc se prémunir contre tout imprévu.
« Si les forces qui ont la garde de (djihadistes) français prenaient la décision de les expulser vers la France, ceux-ci seraient immédiatement remis à la justice. » (Agnès von der Mühll, porte-parole de la diplomatie française)
Pour information, Donald Trump a exhorté samedi dernier ses alliés européens à « reprendre » des centaines de combattants du groupe Etat islamique capturés en Syrie et de les traduire en justice, relaie Le Figaro.
