En Syrie et au Yémen, n’y a-t-il décidément rien à faire ?

Les mots, quoi que nécessaires, ne sauveront pas les populations syriennes et yéménites en proie aux drames humanitaires.

Nous avons désormais l’habitude de ces refrains. Bien malheureusement. La semaine dernière, les Nations unies (ONU) ont alerté de manière quasi simultanée sur la situation en Syrie et au Yémen, deux pays en proie à une catastrophe humanitaire gigantesque et gagnés par un regain des tensions alarmant. Mais que valent les mots face aux maux autrement plus importants subis par ces populations, qui attendent davantage que de simples déclarations ? S’il est primordial de leur témoigner le plus grand des intérêts, n’y a-t-il décidément rien d’autre à faire pour enrayer ces scénarios mortifères ?

En proie à la famine

Vendredi 17 mai, Devant le Conseil de sécurité, le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Mark Lowcock, a souligné que les trois dernières semaines avaient été marquées par une escalade meurtrière du conflit syrien, dans le nord-ouest du pays, alors que l’armée de Bachar al-Assad, appuyée par les forces russes, tente de déloger les derniers rebelles de la région d’Idlib. Au moins 160 personnes ont été tuées et 180 000 déplacées en une vingtaine de jour, a fait savoir le représentant onusien, tandis que 3 millions de Syriens sont « entassés dans un espace de plus en plus réduit », selon l’ONU.

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Le même jour, le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR) et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont également fait part de leur préoccupation face à la récente escalade du conflit au Yémen. Où des raids de la coalition saoudienne, qui lutte depuis mars 2015 contre les rebelles Houthis, ont fait plusieurs morts parmi les civils à Sanaa, la capitale yéménite. Et d’après Andrej Mahecic, le porte-parole du HCR, « la situation des réfugiés, demandeurs d’asile et des migrants au Yémen, qui était déjà précaire, s’est considérablement détériorée », tandis que 7 à 8 millions de personnes sont toujours en proie à la famine.

Autocrate inconséquent

En Syrie comme au Yémen, les responsables onusiens ont appelé les parties aux conflits, comme bien souvent, à « veiller au respect des obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire ». Ce qui revient à parler dans un combiné sans interlocuteur grosso modo. Si le travail des agences de l’ONU n’est absolument pas à remettre en cause – le HCR a permis à plus de 4 000 réfugiés au Yémen de regagner leur pays, tandis que le PAM a potentiellement à disposition des dizaines de milliers de tonnes de blé pour nourrir la population yéménite -, force est de constater que les mots ne suffisent pas.

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Stopper net les conflits est impossible – inutile de se leurrer, la géopolitique est ce qu’elle est. En revanche, toute démocratie qui se respecte – d’autant plus si elle se revendique « patrie des droits de l’Homme » -, a l’obligation morale d’œuvrer à la désescalade des situations. Cesser de vendre des armes à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis n’éteindra pas la famine au Yémen, mais Paris, qui pourrait suivre en ce sens d’autres capitales européennes, ferait œuvre de… bon sens humaniste, tout simplement. Car des armes françaises tuent au Yémen. Emmanuel Macron veut-il ressembler à Vladimir Poutine, autocrate inconséquent au service du « boucher de Damas » ?

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