Benjamin Nétanyahou renforcé par les combats entre Israël et le Hamas

Il y a un peu plus d’une semaine, la carrière politique de « Bibi » semblait pratiquement terminée, estime AP.

C’est peu dire que l’État hébreu traverse une actualité mouvementée. Israël est en guerre contre le Hamas, des violences collectives entre juifs et arabes ont éclaté en Israël et la Cisjordanie connaît les troubles les plus meurtriers depuis des années. Pourtant, tout cela pourrait conforter le Premier ministre, Benjamin Nétanyahou, mal en point politiquement (et judiciairement) avant que n’éclate la crise actuelle entre Palestiniens et Israéliens.

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« Il y a un peu plus d’une semaine, la carrière politique du leader israélien de longue date semblait pratiquement terminée, résume ainsi l’agence américaine Associated Press (AP). Il n’avait pas réussi à former un gouvernement de coalition à l’issue d’élections législatives indécises, et ses rivaux politiques étaient sur le point de l’évincer du pouvoir. »

« Considérations sécuritaires »

Aujourd’hui, alors qu’Israël et les dirigeants du Hamas, le mouvement islamiste qui contrôle la bande de Gaza, mènent leur quatrième guerre en un peu plus de dix ans, la situation de M. Nétanyahou a radicalement changé. Les perspectives de ses rivaux se sont effondrées, de quoi offrir à « Bibi » de retrouver son « rôle confortable de M. Sécurité », tandis que le pays pourrait bientôt se diriger vers une nouvelle campagne électorale, qui lui garantirait une rallonge au pouvoir de plusieurs mois.

Mais la tournure des événements interroge, selon l’agence américaine ; elle a soulevé des questions quant à savoir si le désespoir de Nétanyahou pour survivre politiquement n’a pas poussé le pays dans sa situation délicate actuelle. Bien que les opposants n’aient pas voulu l’accuser d’avoir monté une telle conspiration, ils estiment que le fait que ces questions soient posées est déjà assez inquiétant.

« Si nous avions un gouvernement, les considérations sécuritaires ne seraient pas mélangées aux considérations politiques, a écrit le leader de l’opposition, Yair Lapid, sur Facebook. Personne ne se demanderait pourquoi le feu éclate toujours au moment le plus opportun pour le Premier ministre », ajoute celui qui, la semaine dernière, assurait régler les derniers détails d’un futur gouvernement, qui mettrait fin aux 12 ans de règne de Nétanyahou.

« Dans quelques jours, nous devrions être en mesure de prêter serment devant un nouveau gouvernement israélien fonctionnel et fondé sur de larges accords et le bien commun », a déclaré Yair Lapid, quelques heures avant que la guerre n’éclate.

La soudaine explosion des combats a été le point culminant d’une série d’événements qui ont rendu de plus en plus difficile, voire impossible, la constitution de la coalition de Lapid. Son alliance devait inclure divers groupes qui couvrent le spectre des partis juifs de droite et de gauche, ainsi qu’un parti islamiste, unis par un peu plus que leur opposition à Netanyahou. « Une telle coalition entrerait dans l’histoire », assure AP : jamais un parti arabe n’a officiellement fait partie d’une coalition gouvernementale israélienne.

Nétanyahou lui-même avait courtisé ce même parti arabe lors de sa première tentative pour former un gouvernement de coalition, après les élections du 23 mars. Mais lorsqu’il est devenu évident que le Premier ministre ne pourrait pas obtenir la majorité parlementaire requise, les choses ont commencé à se réchauffer entre Juifs et arabes dans la ville contestée de Jérusalem, « en grande partie à cause des actions des alliés du Premier ministre », estime AP.

Alors que la guerre s’intensifie, de violents affrontements entre Juifs et Arabes éclatent dans les villes d’Israël. La violence s’est également étendue à la Cisjordanie, où plus de 20 Palestiniens ont été tués lors de manifestations de jets de pierres contre les forces de sécurité israéliennes au cours des derniers jours.

 

Crédits photo : Le 19 mai 2021, le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou lors d’un briefing aux ambassadeurs en Israël sur la base militaire Hakirya à Tel-Aviv, en Israël (AP Photo/Sebastian Scheiner).

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