Le système sanitaire a du mal à gérer les victimes de la guerre et les besoins des deux millions de Gazaouis.
Le système de santé de la bande de Gaza, déjà fragile, est mis à genoux par le quatrième conflit israélo-palestinien en un peu plus de dix ans. « Les hôpitaux ont été submergés par les vagues de morts et de blessés des bombardements israéliens, note l’agence américaine Associated Press (AP). De nombreux médicaments vitaux s’épuisent rapidement dans ce minuscule territoire côtier soumis à un blocus, tout comme le carburant nécessaire à l’alimentation en électricité. »
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Deux des médecins les plus éminents de Gaza, dont le numéro 2 du groupe de travail sur le coronavirus, ont été tués lorsque leurs maisons ont été détruites. Au moment même où la bande de Gaza sortait d’une deuxième vague d’infections par le coronavirus, son seul laboratoire de dépistage a été endommagé par une frappe aérienne et a été fermé. Les responsables de la santé craignent de nouvelles épidémies parmi les dizaines de milliers de résidents déplacés qui s’entassent dans des abris de fortune après avoir fui les barrages massifs.
Dans une école gérée par les Nations unies (ONU) où 1 400 personnes ont trouvé refuge, rapporte AP, Nawal al-Danaf et ses cinq enfants étaient entassés dans une seule classe avec cinq autres familles. Des couvertures drapées sur des cordes sillonnaient la pièce pour créer des espaces de couchage. « L’école est à l’abri de la guerre, mais quand il s’agit du coronavirus, avec cinq familles dans une pièce, tout le monde se contamine », a déclaré Nawal al-Danaf, qui a fui les tirs de chars israéliens sur la ville de Beit Lahiya, au nord de Gaza, il y a quelques jours.
Secteur meurtri
Des couvertures et du linge pendaient aux balustrades du balcon de l’école, tandis que des femmes regardaient en bas, dans une cour où des enfants jouaient et des hommes discutaient. Personne ne portait de masque ou ne pouvait prendre de distance sociale dans ces locaux exigus. L’infrastructure sanitaire de la bande de Gaza était déjà en train de s’effondrer avant cette dernière guerre, a déclaré Adnan Abu Hasna, un porte-parole de l’UNRWA, l’agence des Nations unies qui fournit une assistance vitale aux 75 % de la population de l’enclave qui sont des réfugiés. « C’est effrayant », a-t-il dit.
Le secteur a été meurtri par trois guerres précédentes entre Israël et les dirigeants du Hamas de Gaza. Le conflit actuel a commencé le 10 mai, lorsque le Hamas a tiré des roquettes à longue portée en direction de Jérusalem, en soutien aux protestations palestiniennes contre la surveillance stricte par Israël du complexe de la mosquée Al-Aqsa, un site sacré pour les juifs et les musulmans, et contre la menace d’expulsion de dizaines de familles palestiniennes par des colons juifs.
Depuis lors, Israël a frappé des centaines de cibles dans la bande côtière méditerranéenne, et le Hamas a tiré des milliers de roquettes sur l’État hébreu. Tel-Aviv affirme qu’il cherche à paralyser le Hamas en ciblant ses dirigeants et son infrastructure militaire, tout en essayant d’éviter les pertes civiles. Mais les puissantes bombes larguées sur la bande de Gaza surpeuplée ont causé des dommages importants aux infrastructures du territoire. Aujourd’hui, les structures de santé ont du mal à gérer à la fois les victimes de la guerre et les besoins quotidiens des deux millions d’habitants de Gaza.
Crédits photo : Le 17 mai 2021, des Palestiniens reçoivent un traitement à l’hôpital Shifa pour leurs blessures causées par une frappe aérienne israélienne (AP Photo/Khalil Hamra).