Alors que les combats se sont calmés, à Hodeïda, l’ONG Care vient de publier le témoignage de certains de ses responsables.
L’offensive sur le port yéménite de Hodeïda a commencé il y a plus d’un mois. Dans la ville, les conditions de vies des habitants sont désastreuses et la menace d’un conflit armé de plus grande ampleur plane toujours. En effet, bien qu’une trêve temporaire ait été annoncée il y a quelques jours, de violents affrontements continuent dans les districts d’Al Tuhayata et de Zabid. « A Hodeïda, les gens vivent dans la peur. Ils abandonnent leurs maisons pour essayer de trouver un endroit plus sûr pour eux et leurs familles. Je travaille à Hajjah où de plus en plus de personnes arrivent. Nous travaillons jour et nuit pour leur venir en aide, la situation est très préoccupante » explique Bushra Aldukhainah, responsable du bureau de Care à Hajjah.
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Au total, plus de 200 000 personnes ont déjà fui Hodeïda, soit un tiers des habitants de la ville. Plusieurs centaines d’entre elles sont venues chercher refuge dans le gouvernorat de Hajjah. Malheureusement, les logements font défaut et une grande partie des déplacés est hébergée dans des écoles. Les systèmes d’eau et d’assainissement risquent d’être rapidement saturés face à l’augmentation des besoins. Care y réhabilite donc des latrines et le réseau d’eau, et travaille à l’installation d’un système d’éclairage de nuit utilisant l’énergie solaire afin d’améliorer la sécurité des populations civiles.
« Nous faisons tout ce que nous pouvons pour offrir des conditions de vies décentes aux déplacés. Mais si la situation continue de s’aggraver, et si davantage de personnes arrivent, nous ne serons plus en mesure de venir en aide à tout le monde » explique Bushra Aldukhainah.
« La pire crise humanitaire du monde »
« A ce stade, la paix au Yémen doit être l’objectif principal. C’est l’unique moyen de sauver le pays de la pire catastrophe humanitaire de tous les temps. La communauté internationale doit mobiliser urgemment des fonds supplémentaires pour répondre aux besoins des personnes fuyant Hodeïda, dont le nombre augmente de jour en jour, mais également pour continuer de répondre aux besoins des communautés les plus vulnérables dans le reste du pays », alerte de son côté Johan Mooij, directeur de Care Yémen. Comme l’ONG, de nombreuses personnalités, au premier rang desquelles plusieurs responsables des Nations unies (ONU), craignent en effet une aggravation de situation dans le pays.
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En mars dernier, le Haut Commissariat onusien pour les réfugiés (HCR) estimait par exemple que le Yémen était « la pire crise humanitaire du monde ». « Le conflit au Yémen a laissé 22,2 millions de personnes, soit 75 % de la population, dans le besoin d’aide humanitaire et des millions de personnes sont exposées à des risques pour leur sécurité et luttent pour survivre » d’après l’organisme.
