Depuis plusieurs mois, le régime de Bachar al-Assad intensifie les bombardements sur la région d’Idlib, au nord de la Syrie.
Pour la troisième année consécutive, la Syrie demeure l’endroit le plus meurtrier pour un travailleur humanitaire, selon une analyse réalisée par l’ONG internationale Care. Depuis le début de l’année, 57 travailleurs humanitaires ont perdu la vie, dont 18 dans ce pays du Proche-Orient où une guerre fait rage depuis 2011. Il s’agit du plus lourd bilan humanitaire pour la troisième année consécutive.
« Protéger tous les civils »
« La Syrie continue d’être l’un des pays du monde où l’acheminement de l’aide est le plus difficile. Les travailleurs humanitaires syriens, qui sont à l’avant-garde de la réponse (sic), mettent constamment leur vie en jeu pour fournir une aide vitale », a déclaré Nirvana Shawky, directrice régionale de Care pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA).
A Idlib (nord-ouest), où les habitants « dépendent entièrement de l’aide fournie » par les associations, affirme-t-elle, l’artillerie lourde et les bombardements depuis fin avril « ont entraîné des pertes inacceptables en vies humaines pour les travailleurs humanitaires et la population civil en général ». « Toutes les parties au conflit doivent s’acquitter des responsabilités qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire de protéger tous les civils, y compris les travailleurs humanitaires », clame Nirvana Shawky.
La directrice MENA de Care est loin d’être la seule à constater la situation alarmante pour les travailleurs humanitaires en Syrie. Selon le nouveau rapport de Humanitarian Outcomes, une organisation de recherche indépendante qui fournit des données mondiales sur la sécurité des travailleurs humanitaires, ces derniers, en Syrie, continuent de subir le plus gros de la violence par rapport à leurs collègues internationaux.
« Répression sans merci »
Depuis plusieurs mois, le régime de Bachar al-Assad, épaulé par l’aviation russe, intensifie les bombardements sur Idlib et sa région – les secteurs voisins de Hama, Alep et Lattaquié notamment -, dont le contrôle lui échappe encore. Mardi 20 août, djihadistes et rebelles ont fui la ville clé de Khan Cheikhoun, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), pris sous le feu de Damas. Bien décidée à remettre la main sur l’ensemble du pays.
Problème, cette entreprise de reconquête se fait au détriment de toute considération humanitaire, alors que le nombre de victimes s’élève déjà à plus de 370 000. « Que ce soit lors des reprises d’Alep, de Raqqa ou de Deir ez-Zor, les Syriens se sont retrouvés pris au piège, entre les frappes aériennes, les snipers et les pièges explosifs, alerte de son côté Médecins sans frontières (MSF), qui évoque une « impasse humanitaire ». Ceux qui ont réussi à fuir et à échapper aux mines sont parfois grièvement blessés et toujours traumatisés. »
Réduits à un travail de l’ombre, sans aucune garantie de sécurité, les travailleurs humanitaires syriens et internationaux, en l’absence d’autorisation officielle, œuvrent plus ou moins dans la « clandestinité », selon les termes de MSF. Qui estime qu’en Syrie, « l’aide humanitaire est criminalisée ». En 2012, déjà, le régime exerçait une « répression sans merci contre les personnes blessées […] et contre le personnel médical », soulignait à l’époque l’ONG.
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