« Le territoire est de longue date disputé pour des raisons politiques, économiques et stratégiques. »
Le 46ème anniversaire de la Marche Verte vient d’être célébré le 6 novembre dernier alors que les tensions entre l’Algérie et le Maroc n’ont jamais été aussi vives autour du Sahara occidental depuis des années. Depuis la mort à déplorer des trois camionneurs algériens sur la route Nouakchott Ouargla, l’opération algérienne d’agitation dans la région pour instrumentaliser ce drame a envenimé une situation déjà tendue depuis des mois. Si pour le Roi du Maroc, Mohammed VI, le Sahara est « non négociable », il en va autrement pour l’Algérie, qui a travers son soutien au Polisario, a toujours cherché à reprendre la main dans cette question pour poursuivre sa campagne historique de « démarocanisation » du Sahara.
Tout concourt à penser qu’Alger, qui a pourtant bien des dossiers à traiter vu la situation interne économique et sociale, cherche à détourner l’attention de son propre marasme, en focalisant son attention et celle des observateurs internationaux sur le conflit au Sahara, dans lequel elle a déjà clairement perdu des points depuis que Washington l’année dernière a reconnu la Souveraineté de ce dernier à Rabat.
Des solutions
Depuis la colonisation française et espagnole, le Sahara est disputé pour des raisons politiques, économiques et stratégiques, contesté au Maroc depuis le retrait de Madrid de la région en 1975. La région oscille régulièrement entre accalmie et tension au gré des pressions géopolitiques régionales ou internationales. Depuis 1991, un cessez-le-feu a été signé entre le Maroc et le Polisario, mouvement soutenu et armé par l’Algérie, qui cherche toujours sa place et faire reconnaître un projet d’indépendance qui de jour en jour semble s’éloigner un peu plus. De quoi agacer Alger. Et la mission onusienne MINURSO, qui tente de calmer la situation entre les deux pays voisins, ne semble pas parvenir à jouer son rôle, surtout depuis que le Polisario a tenté à la fin 2020 de couper la route vers la Mauritanie. Mission onusienne défendant le référendum et dont le prolongement de l’action a dernièrement été salué par le Maroc.
Considéré comme un « non-territoire » par les Nations unies en attendant un règlement définitif, le Sahara va bénéficier d’un atout-maître pour se réenraciner un peu plus encore dans le giron marocain. En effet, l’engagement fraternel de l’administration américaine en faveur de la reconnaissance du Sahara marocain (dans la dynamique des accords d’Abraham et de la signature à terme du processus de normalisation avec Israël), a jeté de l’huile sur le feu, déstabilisant un peu plus encore l’Algérie, qui fait feu de tout bois depuis.
Si certains ont crié au scandale en montrant du doigt Washington, beaucoup ont oublié que Rabat, qui a proposé un plan d’autonomie au Sahara au sein d’un Etat souverain (« L’initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie pour la région du Sahara »), avec processus référendaire compris, a été inspiré et soutenu par les Etats-Unis justement dans cette voie depuis longtemps, quelles que soient les administrations. Le Maroc est aussi un élève modèle de lutte contre le terrorisme pour Washington, ce qui joue en sa faveur, alors que l’Algérie garde le soutien plus historique de la Russie. Ce conflit n’a que trop duré alors que les solutions sont là, clé en main.
Passé colonial
Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental est toujours le dernier territoire du continent africain dont le statut n’est pas réglé et pour lequel le Maroc a non seulement proposé une solution, mais qui permettrait d’éviter le dérapage vers un conflit ouvert, qui affaiblirait un peu plus encore l’Algérie, mais pousserait d’autres puissances mondiales à se positionner voire intervenir. Ce plan d’autonomie est aussi celui des Etats-Unis. D’ailleurs, Joe Biden, depuis son arrivée à la Maison Blanche, n’a non seulement pas remis en cause la reconnaissance du Sahara Marocain par son prédécesseur mais a même qualifié ce plan de seule initiative « sérieuse », « crédible », et « réaliste ».
Hélas, il est tout de même étrange de voir qu’en réalité, l’Algérie si prompte à critiquer l’ensemble de son passé colonial, ne l’est pas tant sur la question du Sahara, dont la volonté de couper le cordon ombilical naturel avec le Maroc était bien un projet… français. Le conflit actuel au sujet du Sahara occidental apparaît de plus en plus au regard de l’Histoire comme une imposture. Il n’est pas celui d’un non-pays aux frontières rectilignes tracées par des militaires français et espagnols et dont les populations occupaient des espaces qui ignoraient amplement ces limites. Il est le résultat différé dans le temps d’une politique coloniale française qui a soustrait des territoires de souveraineté marocaine pour réaliser la grande ambition d’un vaste ensemble rattachant l’Algérie française à l’Atlantique et aux territoires de l’Afrique-Occidentale française.
Puisque le passé a produit tant de chaînes dont Alger peine à se débarrasser, il serait grand temps de revenir à la table des négociations et entériner une situation sur le terrain qui est chaque jour plus que claire et évidente.
