Les mille et un jours de conflit au Yémen

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20.12.2017

« Le Yémen ne peut plus attendre » estiment les signataires d’une tribune du « Monde ».

« Le Yémen a besoin d’un cessez-le-feu immédiat. » Dans une tribune du Monde, hier, un collectif de personnes issues du monde universitaire, culturel et politique a appelé certains grands dirigeants de la planète, dont Donald Trump, Theresa May et Emmanuel Macron, à agir pour le pays de la Péninsule arabique. Qui n’est plus seulement, après plus de mille jours de conflit ouvert, le plus pauvre du Moyen-Orient. Mais bien un pays touché par la crise humanitaire la plus grave du moment. 8,4 millions de personnes seraient ainsi aujourd’hui menacées par la famine, selon les Nations unies (ONU), qui déplorent également près de 10 000 morts et plus de 20 millions de personnes dépendantes de l’aide humanitaire.

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Retournement de situation

En mars 2015, l’Arabie saoudite, à la tête d’une coalition de pays arabes, a décidé d’intervenir militairement au Yémen. Ceci dans le but d’épauler les forces loyalistes du président Abdrabbo Mansour Hadi, qui luttent dans le nord du pays contre les Houthis, des rebelles chiites soutenus par l’Iran. Ces derniers réclament depuis plus de dix ans un meilleur traitement de la part du pouvoir central, qui les méprise au profit des populations sunnites selon eux. Fin 2014, ils avaient réussi à pénétrer dans la capitale, Sanaa, afin d’en prendre totalement le contrôle quelques mois plus tard. Grâce, notamment, à l’appui de l’ex-président yéménite, Ali Abdallah Saleh.

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Ce dernier, à la tête du pays depuis 33 ans, avait été chassé du pouvoir après le « printemps » yéménite, en 2012, et voyait dans les rebelles houthistes un moyen de le récupérer. Sauf que cet appui de poids avait fini par se retourner contre les Houthis. Début décembre, M. Saleh avait exprimé son souhait de s’allier aux Saoudiens afin de mettre fin à la guerre. Un retournement de situation qui lui coûtera finalement la vie, puisqu’il sera tué quelques jours plus tard par des combattants houthistes dans Sanaa. Qui, depuis, a vu les affrontements reprendre entre rebelles et forces loyalistes, alors que la capitale était plus ou moins pacifiée. Et que l’aide humanitaire commençait à revenir.

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« Responsabilité particulière »

« Toutes les parties du conflit se sont livrées à des attaques répétées contre des civils, dans une impunité presque totale » a tenu à préciser le collectif dans le Monde« Le récent blocus imposé par la coalition menée par l’Arabie saoudite a aggravé une situation déjà catastrophique. Il a empêché l’acheminement de nourriture, de médicaments et de carburant, conduit à la fermeture d’hôpitaux et privé d’eau potable des villes entières. » Début novembre, Riyad avait effectivement empêché toute aide humanitaire d’arriver au Yémen, en réponse à un tir de missile visant la capitale saoudienne effectué par les Houthis.

Pour les signataires de la tribune, « la communauté internationale a montré son incapacité à agir. Des millions de femmes, d’hommes et d’enfants yéménites se sentent abandonnés par les dirigeants mondiaux, qui semblent placer les profits au-dessus des vies humaines. » Et parmi eux, « la France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont une responsabilité particulière, en tant que membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et principaux fournisseurs d’armes de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis. » Dans la région, la guerre yéménite est souvent considérée, à juste titre, comme un conflit oublié, délaissé au « profit » de la Syrie. Sauf que « le Yémen ne peut plus attendre » selon le collectif.

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