En Irak, le mouvement de contestation repart de plus belle

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21.01.2020

Les manifestants demandent notamment une refonte du pouvoir, passant par des élections anticipées, ainsi que la fin de la corruption.

La reprise des protestations, lundi en Irak, ont fait au moins cinq morts. Trois parmi les manifestants, tués par les forces de sécurité irakiennes, qui n’ont pas hésité à tirer sur les personnes réunies dans les villes de Kerbala et de Bagdad, notamment. Deux par balles et une troisième après avoir été atteinte par une grenade lacrymogène, ont déclaré des médecins à l’AFP, qui ont également fait état de plusieurs dizaines de blessés, dont six policiers. Trois tirs de roquettes ont par ailleurs été effectués, lundi soir, dans la « Zone verte » de Bagdad, près de l’ambassade américaine, sans toutefois faire de victimes, ont annoncé des sources au sein des services de sécurité, qui ont quant à eux perdu au moins deux membres.

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Les manifestants protestaient contre le gouvernement, qui n’avait toujours pas répondu à leurs demandes en début de semaine, alors qu’ils lui avaient adressé un ultimatum d’une semaine le 13 janvier dernier. Afin de faire vivre le mouvement de contestation né en octobre dernier – mais éclipsé par les tensions entre les Etats-Unis et l’Iran ces dernières semaines -, les Irakiens ont demandé, principalement, une refonte du pouvoir passant par des élections anticipées, la formation d’un gouvernement temporaire ainsi que l’ouverture d’une enquête sur le meurtre et l’enlèvement de plusieurs militants. Mais également la fin de la corruption, qui a englouti, en seize ans, deux fois le PIB de l’Irak.

A la solde de Téhéran

« Dès dimanche, à la veille de la date butoir, des centaines de manifestants antigouvernementaux s’étaient opposés aux forces de sécurité et avaient bloqué des rues de Bagdad, bien décidés à accentuer la pression sur les autorités, indique France 24. Lundi, ils ont relancé leur action dans la capitale : des jeunes portant des casques et des masques à gaz ont érigé des barricades métalliques pour tenter de repousser la police anti-émeute. Cibles de jets de pierres et de cocktails Molotov, les policiers irakiens ont riposté à coups de grenades lacrymogènes et assourdissantes ».

Parmi les revendications des manifestants, outre l’appel à la fin du système politique de répartition des postes en fonction des ethnies et des confessions, la fin de l’ingérence des puissances étrangères en Irak a également été exigée. Notamment celle de l’Iran, l’encombrant voisin actuellement aux prises avec Washington, depuis qu’un tir de drone américain, dans la nuit du 2 au 3 janvier derniers, a tué le chef des gardiens de la révolution, Ghassem Soleimani. Si le Parlement irakien a voté, le 5 janvier, la fin de l’accord avec la coalition anti-Daech, exigeant le retrait des troupes américaines de son territoire, les Irakiens sont davantage remontés contre leur régime, qu’ils jugent à la solde de Téhéran.

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Crédits photo : Une étudiante participe à une pièce de théâtre organisée lors d’une grève étudiante dans la ville irakienne Bassora (sud), le 19 janvier 2020. / AFP

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