Comment venir en aide aux pays qui nient la propagation du coronavirus ?

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21.03.2020

En Syrie, il se pourrait que le régime taise sciemment les cas de coronavirus, rendant difficile toute prise en charge médicale.

Ce n’est pas le moment de dresser un bilan du coronavirus. Celui-ci n’interviendra vraisemblablement que dans quelques mois. Mais à l’heure actuelle, alors que les pays les plus riches peinent à faire face à la pandémie, il est permis de se demander si la communauté internationale est parée à faire face au Covid-19. Dans les « contextes humanitaires les plus difficiles », notamment, comme se le demande l’ONG Care. Qui estime que « les conséquences pourraient s’avérer encore plus désastreuses » dans ces régions du monde, où l’instabilité le dispute à la nécessité et à la misère.

« Si nous laissons le virus se propager comme une trainée de poudre – en particulier dans les régions les plus vulnérables du monde – il risque de tuer des millions de personnes », a alerté jeudi 19 mars Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies (ONU), alors que le bilan était de 11 000 décès – essentiellement en Italie (4 032) et en Chine (3 248) – et plus de 250 000 personnes touchées. Des chiffres qui s’alourdiront de jour en jour, et qui ternissent un peu la nouvelle venant de Chine, foyer de la pandémie, selon laquelle le taux de nouvelles infections, dans le pays, était nulle.

« Solidarité »

« Pour aider à contenir la pandémie, nous le savons, le lavage des mains et l’utilisation d’eau propre est crucial. Mais la mise en œuvre de ce geste barrière est très loin d’être évidente dans de nombreuses régions du monde : trois milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau et au savons dans le monde », estime l’ONG, qui s’appuie sur les chiffres de l’UNICEF. Au Yémen ou en Syrie, par exemple, des pays traversés par la guerre depuis de nombreuses années, des centaines de milliers de personnes ont dû fuir leur maison, et la plupart des infrastructures sanitaires et médicales ont été détruites.

« Si nous nous mobilisons aujourd’hui, nous pouvons empêcher de nombreuses morts. C’est plus que jamais le moment de faire preuve de solidarité avec les pays les plus vulnérables. Nous ne devons pas les oublier ! », alerte Philippe Lévêque, directeur de Care France. Première chose à faire : inciter les régimes – autoritaires – qui feraient de la rétention d’information, comme c’est vraisemblablement le cas en Syrie, qui ne recense aucun cas et, par conséquent, aucun mort lié au Covid-19, à faire toute la lumière sur l’épidémie. Ceci afin qu’une aide puisse être acheminée vers les zones qui en ont besoin.

Raisonner

Problème : les personnels de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) marchent sur des œufs. Si l’OMS a tenu à féliciter Damas pour les mesures préventives mises en place, il s’agit vraisemblablement d’une déclaration de façade. La réalité est sûrement tout autre, ne serait-ce que parce qu’un grand nombre de ressortissants d’Iran, pays extrêmement touché par le Coronavirus, vont et viennent en Syrie, où la République islamique intervient aux côtés de la Russie pour soutenir les forces de Bachar al-Assad. Dont certains estiment qu’il musèle d’une manière ou d’une autre l’OMS pour taire la vérité.

Une histoire qui en rappelle une autre, celle des attaques à l’arme chimique, que Damas nie avoir dirigées ces dernières années, malgré des preuves accablantes. Contrairement à cet épineux dossier, pourtant, l’on voit mal pourquoi le régime syrien irait cacher les probables cas de coronavirus sur son territoire. L’ONU et les partenaires de la Syrie doivent tout mettre en œuvre pour faire entendre raison son dirigeant sur ce dossier. A condition, bien évidemment, qu’il soit possible de raisonner un tyran qui met son pays à feu et à sang depuis des années pour se maintenir au pouvoir.

 

Crédits photo : Des Syriens déplacés, certains portant des masques de protection, écoutent des médecins mener une campagne de sensibilisation au nouveau coronavirus, le 18 mars 2020. Mohammed al-Rifai/AFP

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