Le tourisme pèse 14% du PIB national tunisien. La pandémie pourrait donc avoir raison de nombreux hôteliers.
C’est désormais une certitude, le cru touristique 2020 du pays du Jasmin s’annonce cataclysmique. A l’inverse, l’année 2019 amorçait un véritable rayon de soleil après les terribles attentats de 2015, avec pas moins de 9,5 millions de visiteurs au compteur.
Un état de fait que regrette fermement Medhi Alani, dirigeant de l’hôtel de luxe, Le Sultan, situé dans le golfe de Hammamet.
« Le coronavirus a arrêté toute l’activité touristique. (Au final), ce qu’on a décidé pour nos 120 salariés, c’est d’honorer 60 à 70% des salaires d’avril en les plafonnant à 1200 dinars (381 euros) », résume malheureusement l’intéressé.
Avant de préciser auprès de RFI que « les reports de charges et d’impôts instaurés par Tunis, à partir de mi-avril, n’allaient rien régler ».
Dans les faits, l’hôtellerie pèse 400 000 emplois sur le territoire. Les conséquence du Covid-19 sont donc écrites d’avance, ajoute le président de la Fédération tunisienne des hôteliers, Khaled Fakhfakh.
« Ce qui est certain, c’est que des hôtels vont fermer définitivement. Il y aura des licenciements et pas de recrutement de saisonnier. (Mais ce n’est pas tout), les contractuels et les CDD ne (poursuivront pas) ou ne (bénéficieront pas) d’un renouvellement. »
Le tourisme tunisien retrouvait ses lettre de noblesse il y a tout juste un an
Pour rappel, 2 239 000 voyageurs du monde entier avaient déjà visité la Tunisie à la fin du mois d’avril 2019, preuve que le tourisme local se portait de mieux en mieux. Cette embellie économique fut notamment alimentée par un regain de confiance au niveau du marché européen (+22%)… A l’image des Britanniques (+140%), des Français (+24%) ou encore des Néerlandais (+13%).
Une bouffée d’air frais, donc, puisque de nombreux Etats du Vieux Continent avaient déconseillé à leurs ressortissants de rejoindre le géant maghrébin suite aux attentats de 2015 (musée du Bardo, Sousse, attaque d’un kamikaze contre un bus de la garde présidentielle..). Sachant que le marché régional restait parallèlement attractif avec 496 000 touristes algériens et 473 000 libyens séduits sur le seul premier trimestre 2019.
La thalassothérapie, une arme commerciale en sommeil
Enfin, autre élément et pas des moindres, la Tunisie ne pourra pas s’appuyer en 2020 sur le solide marché de la thalassothérapie, dont elle détient la deuxième attractivité du globe, confirme une étude de l’Office National de Thermalisme et d’hydrothérapie (ONTH).
« Actuellement, notre pays compte 60 centres spécialisés, et d’ici 2027, on devrait en avoir 90. Chaque année, ces centres accueillent pas moins de 200 000 touristes, en plus des Tunisiens qui y prennent leurs quartiers. »
Cette donnée est d’autant plus rageante que les compagnies aériennes de l’Union européenne peuvent emprunter l’espace aérien tunisien depuis le début du mois de février.
A lire aussi : Covid-19 : Bruxelles officialise deux aides à destination du Maroc et de la Tunisie
