Le plan d’Antonio Guterres pour les civils palestiniens est-il mort-né ?

Israël peut compter sur son allié américain pour enterrer toute proposition qui n’irait pas dans son sens.

Un tournant pour les civils des territoires palestiniens occupés par Israël ? Vendredi dernier, le secrétaire général des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, a présenté à l’Assemblée générale 4 propositions pour améliorer leur protection, après que celle-ci le lui avait demandé le 13 juin dernier. Dans sa résolution, l’Assemblée en avait profité pour condamner l’usage excessif de la force par l’Etat hébreu contre les civils palestiniens. Ceci, un mois après le début de la grande marche du retour à Gaza, alors que l’armée israélienne avait fait plus de 100 morts et 1 000 blessés.

Lire aussi : La rentrée des classes aura bien lieu pour les réfugiés palestiniens

D’après l’AFP, qui en a eu connaissance, le secrétaire général souhaite : 1) Apporter une « présence plus solide de l’ONU sur le terrain » en faisant venir des observateurs des droits humains notamment. 2) Elargir l’aide humanitaire et l’aide au développement afin « d’assurer le bien-être de la population ». 3) Créer une mission civile d’observation présente dans les zones sensibles, comme les checkpoints et près des colonies israéliennes. 4) Enfin, déployer une force policière ou militaire, sous mandat de l’ONU, afin d’apporter une protection physique aux civils palestiniens.

« L’allié américain »

Reste à présent aux Etats membres, qui restent les ultimes décideurs – ceux qui appartiennent au Conseil de sécurité en tout cas -, de donner ou non leur aval à ces propositions. Qui n’ont, pour certains, pas beaucoup de chance de voir le jour. Israël a rapidement affiché son mécontentement et déclaré, par la voix de son représentant permanent à l’ONU, Danny Danon, qu’ « au lieu de soumettre des recommandations délirantes sur la façon de protéger le peuple palestinien de l’Etat d’Israël, l’ONU devrait demander des comptes aux dirigeants palestiniens sur le mal qu’ils infligent à leur propre peuple. »

Tel-Aviv a donc logiquement rejeté les propositions. Qui, selon Antonio Guterres, nécessitent l’accord des deux parties pour leur mise en œuvre. Aucune chance, par conséquent, de voir se développer une mission de protection de l’ONU en territoires israéliens et palestiniens. D’autant plus que, selon le quotidien libanais L’Orient-Le Jour« l’allié américain […] posera probablement son veto à toute résolution du Conseil de sécurité que le gouvernement de droite israélien jugera défavorable. » Il l’avait fait le 1er juin dernier avec une résolution sur le Koweït.

« Plan ultime »

Le plus probable, d’après le média, est que les Etats-Unis proposent à présent un élargissement de l’aide humanitaire en Palestine. Ce qu’a déjà évoqué Jared Kushner, conseiller et gendre du président américain, qui ne cache plus son tropisme israélien. C’est d’ailleurs lui que Donald Trump a chargé de mettre sur pied le « plan ultime » pour régler le conflit israélo-palestinien. Dont certaines parties ont déjà fuité. Les Palestiniens n’auraient droit qu’à la reconnaissance de leur Etat, sans rétrocession des territoires colonisés, et Jérusalem demeurerait la capitale d’Israël.

Lire aussi : Se dirige-t-on vers une crise humanitaire à Gaza ?

Le chef d’Etat américain, dès son arrivée à la Maison Blanche, prétendait pouvoir régler le conflit à lui tout seul. Sans aide de l’ONU, donc, qu’il souhaite sans doute voir intervenir le moins possible. Problème : les Palestiniens, à leur tour, ne font plus confiance à Washington, ouvertement pro-Israël. S’il n’y a aucun espoir de voir le différend israélo-palestinien se solder dans un futur proche, le renforcement de l’aide humanitaire serait plus que bienvenu. Le point de passage de Kerem Shalom, par où passent les marchandises, a d’ailleurs été rouvert la semaine dernière.

Partages