L’Espagne et l’Algérie, notamment, sont inquiètes de voir le Maroc posséder son propre satellite de renseignement.
Le Maroc a lancé, dans la nuit du 7 au 8 novembre derniers, son premier satellite d’observation, le Mohammed VI A. Doté d’une haute résolution, l’engin lancé depuis Kourou (Guyane) est capable de fournir des clichés très précis, n’importe où sur la planète. Le Maroc devient ainsi le premier pays du continent africain à se doter d’une capacité de renseignements aussi moderne.
Le satellite a été construit par le consortium Thales Alenia Space et Airbus, dans le cadre d’un contrat signé en 2013 avec la France pour une valeur de 500 millions d’euros. Un deuxième engin similaire devrait voir le jour l’an prochain. Cette fois-ci, les autorités marocaines, qui avaient gardé ultra-secret le lancement du premier satellite, l’a annoncé très clairement.
Une culture du secret
« Cela fait partie d’une culture du secret dont l’objectif est de faire peser la menace, mais sans menacer directement. C’est une forme de dissuasion » précise Florence Sborowsky, chercheuse à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). D’après elle, « on sait que le Maroc a des différends avec l’Espagne et l’Algérie et que la situation est tendue à la frontière mauritanienne. Ces deux satellites lui donnent une capacité de renseignement et une autonomie que personne d’autre n’a dans la région ».
Les réactions, d’ailleurs, ne se sont pas fait attendre aux frontières marocaines. L’Espagne, qui lutte pour avoir ses propres capacités de renseignement spatial, n’aimerait pas que le Maroc « vienne fouiner dans [ses] affaires » affirmait à El Pais un stratège militaire espagnol en octobre dernier. Quant à l’Algérie, elle voit sans doute d’un mauvais oeil son « meilleur ennemi » en passe de remporter la « guerre des étoiles » qu’ils se livrent.
