Banderole anti-Arabie saoudite : Alger présente ses excuses

Les Algériens ont accusé « leur » pouvoir de se soumettre aux Saoudiens, offensés par la banderole.

Lors d’un match de football en Algérie, le 15 décembre dernier, des supporters ont déployé une banderole contre le roi Salman d’Arabie saoudite et le président américain Donald Trump. Le tifo hostile, où leurs deux portraits étaient représentés en un seul, portait les inscriptions : « Deux faces d’une même pièce de monnaie » et « Jérusalem est à nous ».

A travers cette caricature, les spectateurs ont exprimé leur ressentiment face à la décision de M. Trump de transférer l’ambassade de son pays à Jérusalem, pour en faire la capitale d’Israël. Mais également face à la complicité avérée du régime saoudien dans cette affaire. Un incident qui a suscité l’indignation des autorités saoudiennes qui, s’exprimant à travers leur ambassadeur à Alger, ont qualifié ce message d’ « offense » envers la personne du roi Salman.

Samy Ben Abdallah Salah, le diplomate saoudien en poste à Alger, a promis de sévir contre les donneurs d’ordre dans cette affaire. « Nous prendrons les mesures nécessaires contre les porteurs de cette banderole », a rapporté le site d’information saoudien Sabq.

« Ces actions étaient irresponsables »

De leur côté, les autorités algériennes ont rapidement réagi. Le ministre de la justice, Tayeb Louh, a annoncé, mardi 19 décembre, l’ouverture d’une enquête, tout en affirmant que les résultats préliminaires dénotent le caractère isolé de cet acte. Et d’ajouter : « L’Algérie et l’Arabie saoudite sont deux pays frères unis par des relations historiques, qui se sont raffermis au fil des années, en plus des liens de fraternité, de coopération et de solidarité ».

Le chef du gouvernement algérien, Ahmed Ouyahia, n’a de son côté pas tardé à présenter ses excuses au président du Conseil saoudien de la Choura, Cheikh Abdellah ben Mohamed Ibrahim Al-Cheikh, qu’il a reçu hier à Alger.

Après quoi l’ambassadeur saoudien a déclaré sur son compte Twitter que le Premier ministre algérien a effectivement présenté des excuses officielles à l’Arabie saoudite. En son nom et en celui de l’Etat et du peuple algériens. « Ces actions étaient irresponsables, elles représentaient mal le peuple algérien et leurs auteurs doivent s’attendre à des sanctions », a également déclaré le Ahmed Ouyahia.

Courber l’échine

Sur les réseaux sociaux, les internautes algériens ont fait part de leur dépit après les excuses officielles, présentées par leur Premier ministre en leur nom. A travers de nombreux statuts, les Algériens ont ainsi déploré le fait qu’Ahmed Ouyahia ait parlé en leur nom, en précisant qu’il ne les « représentait » pas. Beaucoup ont vu en ce geste une façon pour le pouvoir algérien de courber l’échine devant le royaume saoudien et un manque de souveraineté.

« Pourquoi les Saoudiens sont-ils offensés par cette image, si l’imam de la Mecque lui-même dit que Salman et Trump constituent les deux pôles pour faire la paix dans le monde » a-t-on ainsi pu lire sur Internet. Il est à noter que le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a reçu mercredi à Alger le président du Conseil saoudien de la Choura, Abdallah Ben Mohammad Ben Ibrahim Al-Cheikh, en visite en Algérie.

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