Riyad vient d’annoncer une rallonge d’1,5 milliard de dollars de son aide pour le Yémen.
La coalition arabe emmenée par l’Arabie saoudite, au Yémen, se réunira lundi à Riyad, d’après Al Arabiya, un média pro-saoudien. Objectif : discuter et négocier des mesures franches pour sortir le pays, en proie à la guerre depuis presque trois ans, du marasme actuel. L’envoyé spécial des Nations unies (ONU) au Yémen, Ismaïl Weld al-Sheikh, a confirmé que les pays soutenant le gouvernement d’Abd Rabbo Mansour Hadi étaient disposés à s’asseoir à la table des discussions. Une avancée, selon lui, alors que la résolution politique du conflit entre rebelles Houthis et coalition est, selon certains observateurs, presque impossible aujourd’hui.
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La raison ? Le pays du sud de la Péninsule arabique est un Etat déliquescent sans institutions fortes, et l’un des théâtres moyen-orientaux de l’affrontement entre l’Arabie saoudite et l’Iran, celui-ci apportant un soutien limité aux combattants houthistes. Qui ont effectué, ces derniers mois, plusieurs tirs de missile en direction de la capitale saoudienne, de quoi renforcer les tensions entre les deux puissances. Ismaïl Weld al-Sheikh a ainsi appelé toutes les parties à prendre les mesures nécessaires pour garantir les conditions appropriées d’un engagement total dans le processus politique.
Repentir
« Je suis aux côtés du peuple yéménite qui se bat pour la paix. Toutes les parties concernées doivent respecter le droit international humanitaire et donner au peuple yéménite le droit de recevoir une aide vitale de manière continue et sûre » a-t-il déclaré également, faisant référence à la situation humanitaire catastrophique dans laquelle se trouve aujourd’hui le pays. D’après le plan humanitaire pour le Yémen du Bureau de coordination de l’aide humanitaire de l’ONU (OCHA), actualisé en janvier, 22 millions de personnes sont dans le besoin, dont plus de 11 millions de manière sérieuse.
Alors que, selon l’organe onusien, près de 3 milliards de dollars sont nécessaires pour résoudre cette crise humanitaire, Riyad a annoncé, il y a quelques jours, qu’elle financerait la Banque centrale yéménite à hauteur de 2 milliards de dollars. Un geste bienvenu aux accents de repentir, puisque depuis plus de deux ans, l’Arabie saoudite pilonne les populations yéménites, civiles comme militaires, afin de contenir l’avancée des Houthis chiites. C’est elle, également, qui avait mis en place un blocus autour du pays, en novembre dernier, rendant difficile l’accès de l’aide humanitaire.
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Comité des sanctions
A ce titre, Ismaïl Weld al-Sheikh s’est félicité de l’ouverture des ports de Hodeidah et de Saleef, appelant toutes les parties à coopérer pour les maintenir ouverts et opérationnels afin de garantir la fourniture d’une aide et de marchandises – nourriture, médicaments – au peuple yéménite. Pour la résolution politique du conflit, c’est une autre paire de manches, donc. Le Yémen, d’après un rapport confidentiel remis au Conseil de sécurité de l’ONU il y a quelques jours – que Le Monde a pu consulter -, est devenu « une myriade de petits Etats qui se font la guerre », au sein de laquelle il est difficile d’entrevoir une issue pacifique.
L’Arabie saoudite, protectrice en cheffe du président Hadi, aura-t-elle d’ailleurs une latitude suffisante pour résoudre la crise yéménite ? Les experts qui ont rédigé le rapport en doutent. « Aucun [de ces petits Etats] n’a le soutien politique ou la force militaire suffisants pour rassembler le pays ou parvenir à une victoire militaire sur le terrain » estiment-ils, soulignant également que malgré un « usage disproportionné de la force », la coalition saoudienne n’a pas enregistré de succès notable.
Fin janvier, d’ailleurs, un comité des sanctions devrait se réunir pour décider des suites à donner au rapport. Qui accuse l’ensemble des parties au conflit d’avoir commis des violations des lois internationales et humanitaires. Coïncidence ou non, Riyad a annoncé aujourd’hui qu’elle rallongerait d’1,5 milliard de dollars son aide au Yémen. De quoi s’imposer comme la figure protectrice de l’Etat, dont le président sunnite, M. Hadi, est en exil en Arabie saoudite.
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