Israël ferme ses plages après une importante marée noire

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22.02.2021

Selon des défenseurs de l’environnement, la législation en vigueur ne permet pas de prévenir correctement ce genre d’incidents.

Israël a fermé toutes ses plages de la Méditerranée jusqu’à nouvel ordre, dimanche, quelques jours après qu’une marée noire survenue au large a déposé des tonnes de goudron sur plus de 160 kilomètres de côtes, dans ce que les responsables appellent l’une des pires catastrophes écologiques du pays.

Certains militants ont commencé à signaler la présence de goudron noir sur les côtes israéliennes la semaine dernière, après une forte tempête. Les dépôts ont fait des ravages sur la faune locale, et le ministère israélien de l’Agriculture a fait savoir, dimanche, qu’un jeune rorqual commun (une espèce de cétacé) est mort sur une plage du sud d’Israël, après avoir ingéré du goudron, selon Kan, le média de service public israélien.

Nombreuses « inconnues »

L’Autorité israélienne des parcs et de la nature a qualifié ce déversement massif de « l’une des plus graves catastrophes écologiques » de l’histoire du pays. En 2014, du pétrole brut s’était déjà répandu dans le désert d’Arava, causant des dommages considérables à l’un des écosystèmes sensibles du pays.

Le ministère de la Protection de l’environnement et les militants écologistes estiment qu’au moins 1 000 tonnes de goudron, produit d’une marée noire provenant d’un navire en Méditerranée orientale début février, ont déjà gagné le rivage.

Yoav Ratner, le coordinateur du plan d’urgence échafaudé par le ministère, a déclaré de son côté qu’il y avait encore de nombreuses « inconnues » sur l’étendue des dommages écologiques, et qu’il était donc difficile de dire combien de temps prendrait le nettoyage.

Des milliers de bénévoles se sont d’ores et déjà rendus sur les plages, samedi, pour aider à nettoyer le goudron, et plusieurs ont été hospitalisés après avoir inhalé des fumées toxiques. L’armée a également déployé des milliers de soldats pour participer à l’opération.

« Mains liées »

Les ministères de la Protection de l’environnement, de la Santé et de l’Intérieur ont publié, dimanche, une déclaration commune exhortant la population à ne pas s’approcher des plages, et ce sur toute la longueur des 195 km de côtes méditerranéennes du pays, avertissant que « l’exposition au goudron peut être nocive pour la santé ».

Tandis que le Premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a visité dimanche l’une des plages « noires » du pays, saluant au passage le travail effectué par l’administration, les représentants d’une coalition de groupes environnementaux ont déclaré que le ministère de la Protection de l’environnement était largement sous-financé, et que la législation en vigueur ne permettait pas de prévenir correctement les catastrophes environnementales.

Arik Rosenblum, le directeur du groupe environnemental israélien EcoOcean, a ainsi déclaré que le ministère « lutte contre cette situation, et bien d’autres encore, avec les mains liées dans le dos », en raison de textes législatifs inadéquats. Ils ont averti que la catastrophe en cours devait servir de signal d’alarme, pointant du doigt, notamment, le projet d’oléoduc reliant les Émirats arabes unis et les installations pétrolières israéliennes à Eilat, où se trouvent les récifs coralliens de la mer Rouge, une zone fortement menacée.

 

Crédits photo : Un jeune rorqual commun de 17 mètres retrouvé mort sur une plage de la réserve de Nitzanim, en Israël, vendredi 19 février (AP Photo/Ariel Schalit).

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