Libye : le Premier ministre déclare que son remplacement mènerait à la guerre

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22.02.2022

A la tête d’un pays en crise, Abdul Hamid Dbeibah a répété qu’il ne remettra le pouvoir qu’à un gouvernement élu.

Le Premier ministre libyen, en difficulté politiquement, prévient que la nomination d’un nouveau gouvernement intérimaire pourrait déclencher la guerre et le chaos, dans ce pays embourbé dans la tourmente depuis une décennie. S’adressant aux Libyens, lundi dernier, Abdul Hamid Dbeibah a répété qu’il ne remettra le pouvoir qu’à un gouvernement élu. Il a, pour ce faire, tracé un plan probablement irréaliste pour la tenue d’élections en juin, précise l’agence américaine Associated Press (AP).

« La guerre ou le chaos »

M. Dbeibah a qualifié de « téméraire » et de « farce » tout projet d’installation d’un gouvernement provisoire, qui pourrait conduire à de nouvelles guerres selon lui. Une référence aux efforts actuels de la Chambre des représentants pour confirmer un nouveau gouvernement présidé par le Premier ministre désigné, Fathi Bashaga. « Je n’accepterai pas, sous quelque forme que ce soit, de livrer [le pouvoir] au chaos », a-t-il déclaré. Une élection étant « la seule solution ».

Au début du mois, le Parlement, basé dans l’Est du pays, a nommé M. Bashaga, un ancien ministre de l’Intérieur puissant de la ville occidentale de Misrata, pour former un nouveau gouvernement provisoire. Il doit soumettre son cabinet au Parlement cette semaine. La nomination de  Fathi Bashagha faisait partie d’une feuille de route prévoyant des élections dans les 14 prochains mois.

Dans son discours de huit pages, M. Dbeibah a mentionné huit fois la « guerre » ou les « guerres ». Il a décrit la décision du Parlement comme « une manœuvre ratée » qui déclenchera « la guerre et le chaos ». Il a déclaré, par ailleurs, avoir engagé des négociations avec ses rivaux pour éviter l’impasse actuelle, mais ses efforts ont échoué. Il a accusé l’un d’entre eux, le commandant Khalifa Haftar, de semer le « chaos politique » dans le pays.

Élections

M. Dbeibah, qui, comme M. Bashaga, est originaire de Misrata, a proposé une feuille de route en quatre points en vue d’un vote parlementaire et d’un référendum simultanés sur les amendements constitutionnels fin juin, qui seront suivis d’une élection présidentielle après que le nouveau parlement aura élaboré une constitution permanente. Il n’a pas proposé de calendrier pour l’élection présidentielle.

Le scrutin présidentiel était initialement prévu pour le 24 décembre, mais il a été reporté en raison de différends entre les factions rivales sur les lois régissant les élections et les candidats présidentiels controversés. Les législateurs ont fait valoir que le mandat du gouvernement de M. Dbeibah a pris fin le 24 décembre, comme le rappelle AP. Dans une tentative de courtiser les Libyens fatigués de la guerre et du chaos, celui-ci a lancé un appel à ce qu’il a appelé « un véritable mouvement national » pour faire avancer les élections.

La Libye n’a pas réussi à organiser d’élections depuis son vote législatif contesté de 2014, qui a provoqué la division du pays pendant des années entre des administrations rivales, chacune soutenue par des milices armées et des gouvernements étrangers. Le pays du Nord de l’Afrique, riche en pétrole, est ravagé par les conflits depuis que le soulèvement soutenu par l’OTAN, la France et les États-Unis en tête, a renversé puis tué le dictateur de longue date, Mouammar Kadhafi, en 2011.

 

Crédits photo : Le Premier ministre libyen, Abdul Hamid Dbeibah, assiste à la cérémonie de remise des diplômes à un groupe de cadets de l’armée libyenne, à Tripoli, en Libye, mardi 8 février 2022 (AP Photo/Yousef Murad).

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