Depuis le coup d’État d’octobre dernier, l’armée réprime durement les manifestations qui appellent à la transition démocratique.
Un expert des droits de l’Homme de l’ONU était au Soudan, lundi, pour vérifier les allégations de violations des droits de l’Homme après le coup d’État militaire d’octobre dernier, qui a plongé le pays dans la tourmente. Des milliers de personnes sont à nouveau descendues dans les rues de la capitale, Khartoum, pour dénoncer la prise de pouvoir.
Adama Dieng, l’expert des Nations unies sur les droits de l’Homme au Soudan, est arrivé dans la capitale dimanche, un mois après que les autorités soudanaises ont demandé le report de sa visite, selon le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies.
M. Dieng a été conseiller spécial de l’ONU pour la prévention des génocides et a servi d’enquêteur pour le Tribunal pénal international pour le Rwanda. Il a été nommé en novembre pour surveiller la situation des droits de l’Homme au Soudan après le coup d’État militaire du 25 octobre.
M. Dieng a rencontré lundi le ministre de la Justice par intérim, Mohamed Saeed al-Hilu. Il rencontrera également d’autres responsables gouvernementaux, des militants et des groupes de la société civile. Sa mission ? Vérifier les allégations de violations des droits de l’Homme lors des manifestations qui ont eu lieu depuis la prise du pouvoir, a déclaré Gomaa al-Wakil, chef du département des droits de l’Homme au ministère de la Justice.
La prise de pouvoir militaire a bouleversé la transition du Soudan vers un régime démocratique, après trois décennies de répression et d’isolement international sous la présidence autocratique d’Omar el-Béchir. La nation du nord de l’Afrique a emprunté un chemin fragile vers la démocratie depuis qu’un soulèvement populaire a forcé les militaires à destituer l’ancien président et son gouvernement islamiste en avril 2019.
Paralysie
Le Soudan est politiquement paralysé depuis le coup d’État, avec des manifestations de rue quasi quotidiennes. Les autorités ont lancé une importante répression contre les manifestants. Elles ont tiré des balles réelles et des gaz lacrymogènes sur les foules dans les rues, et ont coupé le signal internet et mobile du pays – tout cela dans le but d’empêcher les gens de se rassembler.
Des milliers de personnes ont défilé dans les rues de Khartoum et de sa ville jumelle d’Omdurman pour demander la mise en place d’un gouvernement entièrement civil pour mener la transition démocratique. Les forces de sécurité, une nouvelle fois, ont utilisé des gaz lacrymogènes pour les disperser. Au moins 10 personnes ont été blessées, la plupart par des grenades lacrymogènes, selon l’activiste Nazim Sirag.
Depuis le coup d’État, plus de 80 personnes, principalement des jeunes hommes, ont été tuées, et plus de 2 600 autres blessées lors des manifestations, selon un groupe médical soudanais. Les forces de sécurité soudanaises ont également été accusées de recourir à la violence sexuelle contre les femmes participant aux manifestations. Les Nations unies ont demandé l’ouverture d’une enquête.
Des centaines d’activistes et de leaders de la protestation ont également été détenus, ce qui complique les efforts internationaux menés par les Nations unies pour trouver une issue à l’impasse.
Crédits photo : Des manifestants réclament un régime civil et dénoncent l’administration militaire, à Khartoum, au Soudan, lundi 21 février 2022 (AP Photo/Marwan Ali).