Si Damas utilise des armes chimiques, « les Etats-Unis répondront rapidement » a averti une porte-parole de la diplomatie américaine.
Le régime syrien a-t-il de nouveau eu recours aux armes chimiques dans le conflit qui l’oppose aux rebelles ? C’est ce qu’estime le département d’Etat américain, qui a affirmé mardi 21 mai dans un communiqué qu’une « attaque présumée au chlore dans le nord-ouest de la Syrie » s’était déroulée le 19 mai dernier. « Nous sommes encore en train de recueillir des informations sur cet incident », a déclaré une porte-parole de la diplomatie américaine, Morgan Ortagus, Washington menaçant le régime de Bachar al-Assad de représailles.
« Les Etats-Unis répondront »
De son côté, en revanche, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), basé à Londres (Angleterre) mais disposant de nombreuses sources en Syrie, n’a fait état d’ « aucune attaque chimique dans les montagnes de Lattaquié ». Tout comme les Casques blancs, ces secouristes syriens ayant documenté par le passé plusieurs attaques chimiques, qui ne disposent d’ « aucune information sur cette attaque », ont-ils précisé à l’AFP.
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Ce flou, autour d’une éventuelle utilisation d’armes chimiques par Damas, est dû, notamment, au fait qu’ « il n’y avait pas de civils dans la région », mais seulement des djihadistes, a précisé Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’OSDH. Ce qui rend tout processus de vérification assez délicat. Mais n’a pas empêché Washington d’en remettre une couche. « Nous réitérons notre avertissement, a ajouté Morgan Ortagus. Si le régime Assad utilise des armes chimiques, les Etats-Unis et nos alliés répondront rapidement et de manière appropriée ».
« Ligne rouge »
Par le passé, l’armée américaine a frappé à deux reprises des installations militaires en Syrie, en réponse à des attaques chimiques perpétrées par Damas. L’une en 2017, après une attaque au gaz sarin à Khan Cheikhoun (Idlib) ; l’autre en 2018, de concert avec la France et le Royaume-Uni, à la suite d’une attaque chimique contre des civils à Douma, dans la banlieue de Damas. Ceci en accord avec la fameuse « ligne rouge » que franchirait le régime de Bachar al-Assad s’il utilisait de telles armes contre sa population, instaurée par Washington et Paris notamment.
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Si le gouvernement syrien a, à chaque fois, nié avoir eu recours aux armes chimiques, les Nations unies (ONU) et l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), au sein du Joint Investigative Mechanism (JIM), ont affirmé en octobre 2017 que Damas avait bel et bien eu recours au gaz sarin à Khan Cheikhoun, quelques mois plus tôt (plus de 100 victimes et 500 blessés). Et en avril 2018, après l’attaque de Douma, Olivier Lepick, membre de la Fondation pour la recherche stratégique, précisait au Monde arabe qu’ « il est totalement illusoire de penser que l’on pourrait dénier la possession d’armes chimiques au régime syrien ».
