Des convois d’aide restent bloqués, par exemple, dans les zones tenues par les Houthis, avertit l’ONU.
Et si, au Yémen, le plus grand défi ne venait pas des armes à feu mais, pour reprendre les termes d’Hervé Verhoosel, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), « du rôle obstructif et peu coopératif de certains des dirigeants Houthis dans les zones sous leur contrôle » ? Lundi 20 mai, l’organisme des Nations unies (ONU) chargé de lutter contre la fin dans le monde, particulièrement actif au Yémen, a déclaré qu’il pourrait être amené à suspendre son aide dans le pays, s’il ne bénéficiait pas d’un « accès complet et sans entrave aux personnes dans le besoin ». Dont une grande partie se trouve en « territoire » houthiste.
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Selon Hervé Verhoosel, certains combattants rebelles, qui ont pourtant accepté, il y a quelques semaines, de se retirer de la zone portuaire de Hodeïda (ouest), en application des accords de Stockholm signés en décembre dernier avec la coalition saoudienne et le gouvernement yéménite, refusent encore l’accès des travailleurs humanitaires aux « personnes affamées ». « Des convois d’aide [restent] bloqués et […] des autorités locales [interfèrent] sur la question de savoir qui reçoit la nourriture », indique un communiqué du PAM publié lundi.
Seuls 20 % des besoins financés
Alors que 360 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë sévère, selon l’organisme onusien, et que le « spectre de la famine » est toujours présent pour 10 millions de Yéménites, d’après Mark Lowcock, le chef de l’humanitaire de l’ONU, « cette suspension progressive des opérations du PAM ne [sera] prise qu’en dernier recours », a tenu à préciser Hervé Verhoosel. Certains dirigeants Houthis ont d’ailleurs pris des « engagements positifs » pour améliorer la situation humanitaire de la population, a-t-il fait savoir, et collaborent étroitement avec le PAM. D’autres, en revanche, n’ont « malheureusement pas respecté les assurances qu’ils nous ont données ».
La question qui se pose, à présent, est bien de savoir si les ONG et autres agences de l’ONU parviendront à éviter l’intensification de la catastrophe humanitaire. Alors que le Yémen est « la pire crise humanitaire du monde » selon l’ONU. « La responsabilité ultime du bien-être de leur peuple incombe aux dirigeants yéménites », veut croire Hervé Verhoosel, qui mise sur « le bon sens » des acteurs du conflit. Qui, pour rappel, dure depuis plus de 4 ans maintenant, et a fait plusieurs dizaines de milliers de morts – l’ACLED évoque 70 000 personnes décédées, sans compter les Yéménites morts de maladies ou de malnutrition.
Le 15 mai dernier, Mark Lowcock affirmait sur Twitter que « les personnels humanitaires font des progrès au #Yémen. Pour le seul mois de mars, le Programme alimentaire mondial a nourri 10,6 millions de personnes – plus qu’au cours de n’importe quel autre mois. Mais des fonds supplémentaires sont requis de manière urgente si l’on veut poursuivre notre travail », avertissait-il, alors que seuls 20 % des besoins ont été financés pour l’instant. M. Lowcock de « remercier en particulier l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis », qui ont versé au PAM 240 millions de dollars au début du mois de mai. Ou comment jouer les pompiers-pyromanes.
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