« La réponse la plus simple est qu’Israël est profondément divisé sur la question Benjamin Nétanyahou ».
Après à peine 12 mois au pouvoir, les dirigeants de la coalition gouvernementale israélienne, largement représentative mais gravement affaiblie, ont jeté l’éponge cette semaine, annonçant qu’ils allaient dissoudre le Parlement et organiser de nouvelles élections – les cinquièmes en trois ans et demi.
Pourquoi cela se produit-il sans cesse ? « La réponse la plus simple est qu’Israël est profondément – et presque uniformément – divisé sur la question de savoir si Benjamin Nétanyahou doit être Premier ministre, avance l’agence américaine Associated Press (AP). Mais c’est aussi parce que le système politique israélien est composé d’un ensemble de partis idéologiquement diversifiés qui doivent former des alliances – et parfois les rompre – pour obtenir ce qu’ils veulent. »
Les Israéliens votent par parti, et, au cours des 74 ans d’histoire du pays, aucune faction n’a jamais obtenu la majorité au Parlement, la Knesset, qui possède 120 sièges. Ainsi, après chaque élection, tout candidat au poste de Premier ministre doit former des alliances afin de réunir une majorité d’au moins 61 députés.
Cela donne aux petits partis un pouvoir démesuré. Après presque chaque élection, l’attention se concentre sur un ou plusieurs faiseurs de roi potentiels – et leurs demandes particulières. Treize partis ont été élus au Parlement, par exemple, lors des élections de l’année dernière. Cela peut donner lieu à des semaines de négociations et de marchandages entre les différents chefs de partis.
« Si personne ne parvient à réunir une majorité, comme cela s’est produit après les élections d’avril et de septembre 2019, le pays retourne aux urnes et le gouvernement reste en place à titre provisoire, explique AP. Pourtant, cela ne devrait pas être aussi difficile : les partis nationalistes et religieux ont eu une majorité de sièges à la Knesset à chacune des quatre dernières élections. » Mais impossible de s’entendre entre eux.
« Roi d’Israël »
« C’est là que Netanyahu entre en jeu. » Pour ses partisans de droite et religieux, M. Nétanyahou est le « roi d’Israël », un nationaliste intransigeant et un homme d’État chevronné capable d’affronter les dirigeants du monde entier, du président russe, Vladimir Poutine, au président américain, Joe Biden, et de guider Israël à travers ses innombrables défis en matière de sécurité.
Pour ses opposants – y compris les dirigeants de la coalition sortante -, il est au mieux un escroc et au pire une menace pour la démocratie. Ils pointent du doigt son procès pour corruption en cours, son style dominateur et son habitude d’attiser les divisions internes à des fins politiques.
M. Nétanyahou a été le Premier ministre israélien le plus longtemps en poste, et son parti, le Likoud (droite), est arrivé en tête ou à la deuxième place, à quelques voix, lors des quatre élections. Mais il n’a jamais été en mesure de former une majorité de droite parce que certains de ses alliés idéologiques – y compris d’anciens collaborateurs – refusent de s’associer à lui.
Avigdor Lieberman, par exemple : ce colon de Cisjordanie, qui dirige un parti de droite et est connu depuis longtemps pour sa rhétorique anti-arabe enflammée, semblerait être un allié évident. Mais il a rompu avec Benjamin Nétanyahou en 2019 et refuse de siéger dans un gouvernement avec lui ou ses alliés ultra-orthodoxes. Il s’est même fait chantre d’un projet de loi qui interdirait à toute personne inculpée au pénal d’occuper le poste de Premier ministre – une tentative de mettre fin à la carrière politique de l’ancien chef du gouvernement.
Crédits photo : Benjamin Nétanyahou, alors Premier ministre d’Israël, au Forum économique mondial, à Davos (Suisse), en 2018 (World Economic Forum).