Au Maroc, le retour du service militaire ne plait pas à tout le monde

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22.08.2018

Son entrée en vigueur n’interviendra pas avant le mois d’octobre, mais déjà les critiques fleurissent sur les réseaux sociaux.

Lundi dernier, le gouvernement marocain a annoncé le rétablissement du service militaire obligatoire, douze ans après sa suppression en 2006. D’une durée d’1 an pour les jeunes âgés de 19 à 25 ans, il a notamment pour but « l’intégration dans la vie professionnelle et sociale » de cette tranche d’âge, selon un communiqué publié par le palais royal. Dont le porte-parole, Abdelhak Lamrini, a souligne la volonté de « promouvoir le patriotisme » et favoriser « l’intégration dans la vie professionnelle et sociale » de la jeunesse marocaine, frappée par le chômage.

« Légions de chômeurs »

D’après le Conseil économique et social marocain (CESE), le décrochage scolaire concerne 2 jeunes sur 3, dont 1 sur 2 touchera un salaire bas s’il a un emploi, tandis que, selon le Haut commissariat au plan (HCP), dans les villes, 4 jeunes sur 10 connaissent le chômage. Ceci alors que le royaume connait paradoxalement une croissance économiques en hausse – 4 % en 2017 contre 1,2 % en 2016. Le roi du Maroc, Mohammed VI, a ainsi dit s’inquiéter de la situation sociale et économique de ceux qu’il appelle ses « enfants ». Raison pour laquelle il a souhaité mettre les bouchées doubles.

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Le retour du service militaire au Maroc, qui a vocation, entre autres, à promouvoir la mixité sociale, a été annoncé en même temps qu’une réforme de l’éducation. Celle-ci prévoit par exemple de scolariser les enfants à partir de 4 ans et de rendre l’enseignement obligatoire jusqu’à 16 ans – 15 ans actuellement. « Nous ne devons plus accepter que notre système éducatif fonctionne comme une machine à fabriquer des légions de chômeurs » a martelé le roi lundi soir, dans son discours à la nation. Le souverain de faire part également de sa « consternation » face au chômage des jeunes.

Grogne des binationaux

D’après le communiqué, cette réforme de l’éducation permettra de « mettre en place des mécanismes garantissant l’accès de tous à l’éducation, de mettre fin à la déperdition scolaire, et garantir la pérennisation de l’apprentissage en vue d’éradiquer l’analphabétisme ». Mais également « inciter à la pensée critique et à la créativité ». Ce dont certains Marocains ne manqueront pas d’user. Depuis quelques jours, sur les réseaux sociaux, les critiques à l’égard du rétablissement de la conscription fleurissent. Ce qu’elles dénoncent notamment ? La situation des binationaux.
« Entre douze mois au bled, les binationaux franco-marocains choisiront sans nul doute le parcours citoyen français, qui propose une petite journée plan-plan pour clôturer leurs obligations civiques » raille « golfill » dans les commentaires sous un article du Figaro.
L’entrée en vigueur de la loi sur le service militaire n’est cependant pas prévu pour tout de suite. Elle n’aura lieu qu’après sa publication officielle, une fois que le Parlement l’aura examinée – et celui-ci ne se rassemblera qu’au mois d’octobre. Ce qui laisse quelques mois au gouvernement pour « vendre » son texte. Le roi vient d’ailleurs d’accorder sa grâce à quelque 188 personnes liées aux soulèvements qui ont touché la région du Rif (nord) entre 2016 et 2017. Une manière de faire passer la pilule du service militaire ?
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