Irak : malgré la répression, la contestation se poursuit

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22.11.2019

Au moins 320 manifestants ont été tués et des milliers d’autres blessés depuis le début des troubles, le 1er octobre dernier.

Huit personnes sont mortes et au moins 90 blessées, jeudi, lors de nouveaux affrontements dans le centre de Bagdad, les plus violents de ces derniers jours, entre manifestants anti-gouvernement et forces de sécurité, ont déclaré des responsables irakiens. Un policier a été tué et six autres blessés après l’explosion d’un engin explosif improvisé dans le nord-est de la capitale, selon les responsables de la sécurité. Tandis qu’une personne a été tuée lorsque les forces armées ont lancé des bombes assourdissantes sur la foule de manifestant, jeudi soir.

« Grenades assourdissantes »

Auparavant, des affrontements avaient éclaté dans la rue Rasheed de Bagdad, un centre culturel connu pour ses vieux bâtiments en ruines, et sur le pont Ahrar. Les forces de sécurité ont tiré à balles réelles, au gaz lacrymogène et à la bombe sonore pour disperser des dizaines de manifestants, faisant là aussi des victimes. Ces derniers ont occupé les trois ponts principaux de la capitale irakienne (Sinak, Ahrar et Jumurhuya), qui mènent à la Zone verte, hautement sécurisée, siège du gouvernement irakien depuis 2003 ainsi que de plusieurs ambassades.

Des tentes ont été installées sous les ponts ainsi que sur la place centrale Tahrir, l’épicentre du mouvement de protestation, où des volontaires secouristes soignent les blessés par grenades lacrymogènes ou tirs. « Vers 1h30 du matin, les tirs ont commencé avec des balles réelles, des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes », a déclaré un volontaire sous couvert d’anonymat, par crainte de représailles du gouvernement. Selon lui, cet assaut des forces de sécurité a fait des morts et plusieurs blessés par balle.

Système sectaire

A Kerbala, ville sainte chiite d’Irak, les manifestants ont jeté des bombes incendiaires de fabrication artisanale, ainsi que des cocktails Molotov, sur les forces de sécurité, tandis que la police anti-émeute a répondu en lançant des pierres aux manifestants. Des dizaines de manifestants avaient attaqué le consulat iranien dans cette ville, un peu plus tôt en novembre, érigeant des barrières et affirmant qu’ils rejetaient l’influence de la République islamique iranienne dans les affaires irakiennes.

Au moins 320 manifestants ont été tués et des milliers d’autres blessés depuis le début des troubles, le 1er octobre dernier, lorsque des manifestants sont descendus dans les rues de Bagdad et dans tout le sud de l’Irak, principalement chiite, pour dénoncer la corruption endémique du gouvernement et le manque de services de base malgré la richesse pétrolière du pays. Le mouvement, sans leader, cherche à démanteler le système sectaire qui gangrène le pays selon eux, et à renverser le gouvernement, y compris le Premier ministre Adel Abdel-Mehdi.

 

Crédits photo : AP

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