Enthousiasmé par le processus de transition en cours au Tchad, l’ambassadeur européen Kurt Cornélis valide la politique développée depuis plus de 7 mois par le Conseil militaire au pouvoir, chargé d’organiser les prochaines élections.
Après la mort brutale du président Déby le 20 avril dernier, l’impossibilité d’appliquer la constitution tchadienne en plein épisode insurrectionnel avait contraint l’armée tchadienne à devoir assurer l’intérim du pouvoir.
Le Conseil militaire de transition (CMT) se trouvait, pour 18 mois, face à trois défis de taille : rassembler tous les Tchadiens – même ceux responsables de la mort d’Idriss Déby – tranquilliser ses partenaires stratégiques et financer la transition.
7 mois et demi plus tard, c’est déjà un double succès pour le Conseil dirigé par Mahamat Déby Itno. L’Union Européenne (UE) — confiante sur la capacité du CMT à organiser un dialogue national inclusif — vient, le 7 décembre dernier, d’adouber les mesures prises par ce dernier. Il vient certainement, par voie de conséquence, d’assurer une partie significative de son budget. De bons augures pour remporter son dernier pari : réunir tous les enfants du Tchad autour d’une table en début d’année prochaine.
Satisfaction de l’Union européenne, partenaire clé du Tchad
Le 7 décembre, par l’intermédiaire du chef de sa délégation au Tchad, l’ambassadeur Kurt Cornelis, l’UE a déclaré être « assez encouragée » par le processus de transition en cours au Tchad. Après cette validation de l’action du CMT, le pays peut désormais légitimement prétendre à une aide de l’UE.
Cette dernière est capitale pour le Tchad, comme le rappelait le ministre de l’Économie, Issa Doubragne, en août 2021 : « L’UE fait partie des trois ou quatre grands apporteurs de financement à notre pays ». À en croire le Ministre, N’Djamena compte d’ailleurs aussi sur son partenaire européen pour le soutenir techniquement pendant la transition, notamment au niveau « des élections présidentielles, des élections législatives, mais aussi des référendums ».
Si les conditions d’une aide européenne semblent réunies, Kurt Cornelis a cependant indiqué que l’UE souhaitait que toutes les parties prenantes se joignent « à un dialogue national réellement inclusif ». Ce dernier, qui devrait s’ouvrir début 2022, se présente sous les meilleurs auspices.
Des garanties données à l’opposition
Dès juin, Mahamat Idriss Déby Itno s’était engagé « devant le peuple » à ce que « les membres du CMT ne se (présentent) pas à l’élection une fois leur mission accomplie ». Une bonne volonté qui avait convaincu Nour Ibedou, opposant au précédent régime et défenseur historique des droits de l’Homme, de rejoindre le comité technique d’organisation du dialogue national quelques semaines plus tard. Mais beaucoup d’opposants, craignant un piège, demandaient des garanties.
Sollicitée dès octobre par le CMT pour entamer des négociations en ce sens, l’opposition s’était montrée disposée à participer à la transition sous certaines conditions, dont l’amnistie. Lundi 29 novembre 2021, un Conseil des ministres express — il n’aurait duré qu’une petite heure — s’est tenu afin de satisfaire cette demande. L’exécutif tchadien a ainsi adopté deux projets de loi portant amnistie « des faits d’atteinte à l’intégrité de l’État et de délits d’opinion » et « des faits d’acte de terrorisme, de complicité, de recrutement et d’enrôlement des mineurs de moins de 18 ans dans les forces armées ».
La voie est donc ouverte pour le retour au pays des opposants politico-militaires d’ici février-mars, période à laquelle est prévu le début d’un dialogue national inclusif qui pourrait s’avérer historique.