Mauritanie : la loi anti-discrimination fait débat

Ce texte pourrait tendre un peu plus les relations entre l’Etat et les ONG antiesclavagistes, stigmatisées par le texte.

L’Assemblée nationale mauritanienne a adopté, jeudi 18 janvier, un projet de loi destiné à lutter contre les comportements discriminatoires. Bien que l’intention soit louable, cette promulgation revêt une importance politique dérangeante, puisque certaines dispositions portent atteinte à l’action des ONG qui luttent contre l’esclavagisme, aboli depuis 2015 et véritable chimère de ce pays.

Le dispositif associe effectivement le concept de discrimination aux discours de haine et aux groupes identitaires spécifiques. Or, de nombreuses mouvances locales qui poursuivent ce combat social sont régulièrement assimilées à des groupuscules extrémistes et sectaires, à l’image de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA). Ce qui les rend de facto à la merci de la justice.

Pressions économiques

De l’autre côté, le gouvernement sème le doute sur un hypothétique combat contre ce fléau. Les arrestations récurrentes de militants antiesclavagistes qui ne cessent de manifester leur courroux en sont l’amer exemple. Le texte comprend néanmoins quelques disposition encourageantes ; les journalistes ne pourront ainsi être emprisonnés sans motif réel et sérieux.

Pour autant, il est important de noter que la presse mauritanienne demeure quelque peu pieds et mains liés car elle subit ponctuellement des pressions économiques de la part de Nouakchott, qui ponctionne à sa guise la commercialisation des annonces publiques publicitaires.

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