5,5 millions de personnes ont toujours besoin d’une aide humanitaire à l’intérieur du pays.
« S’il s’agissait d’une nouvelle crise, ses dimensions, son ampleur et ses besoins seraient tels qu’il s’agirait de l’une des plus grandes crises au monde ». Mercredi dernier, Marta Ruedas, la coordonnatrice de l’aide humanitaire des Nations unies (ONU) au Soudan, a déploré le « traitement » réservé au dossier soudanais, alors que « le pays figure depuis si longtemps sur les registres des donateurs que la lassitude s’installe » selon elle. « Mais ce n’est pas parce que cela dure depuis des années que les besoins sont moindres. […] La réponse n’est [simplement] plus la même » a-t-elle fait savoir.
3 milliards de dollars
Aujourd’hui, environ 5,5 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire, au Soudan, dont 3,1 millions dans la province du Darfour. Les combats, dans cette région, ont fait plus de 300 000 victimes et déplacé des millions de personnes depuis 2003, tandis qu’un nouveau conflit sporadique a éclaté au cours de l’année écoulée. Mais le pays a surtout vu l’arrivée de plus de 700 000 nouveaux réfugiés en provenance du Sud-Soudan, dont certains « en très mauvais état » selon Mme Ruedas. « Ils ont besoin de beaucoup de soutien et nous n’en avons tout simplement pas assez » a-t-elle regretté.
C’est la raison pour laquelle L’ONU et ses partenaires humanitaires demandent 3 milliards de dollars pour venir en aide aux réfugiés et aux personnes déplacées du Sud-Soudan, dont quelque 1,5 milliard de dollars sont destinés à soutenir les communautés et les organismes d’accueil leur venant en aide dans les pays voisins. L’accent sera nécessairement mis sur l’augmentation des rations alimentaires et d’eau, ainsi que sur la fourniture de services de santé et de foyers décents. Car « certaines personnes, que nous appelons encore ‘‘déplacés’’, vivent dans des camps depuis près de deux décennies » informe Marta Ruedas.
Mandats d’arrêt internationaux
« Nous devrions être en mesure, soit de les intégrer là où ils vivent, soit leur permettre de regagner leur endroit d’origine » estime-t-elle, alors qu’en novembre dernier, le Bureau de l’ONU pour les affaires humanitaires (OCHA) pointait du doigt « le manque d’infrastructures, ajouté à l’insécurité [qui] continuent d’empêcher des déplacés de revenir dans leurs régions d’origine ». Le gouvernement soudanais, de son côté, d’indiquer que près de 400 000 personnes sont retournées chez elles, mais qu’une grande majorité continue de signaler que les conditions – sécuritaires et sanitaires notamment – ne sont pas réunies pour ce faire.
Si la situation au Darfour a bénéficié d’une relative accalmie ces derniers temps – malgré l’escalade de juin dernier -, elle peut être source de conflit entre, d’un côté, les instances onusiennes et l’aide internationale et, de l’autre, le président soudanais, Omar el-Béchir. Qui, en plus d’estimer que la guerre au Darfour est « terminée », critique régulièrement les acteurs humanitaires, les camps de déplacés étant devenus, pour lui, une affaire d’argent pour les ONG étrangères – dont certaines avaient été expulsées du pays en 2009. Il est aujourd’hui visé par deux mandats d’arrêt internationaux – pour « crimes de guerre » et « génocide ».
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