En Tunisie, les femmes ont de moins en moins recours à la pilule contraceptive

« Il est vrai qu’il y a une sorte de pénurie des pilules contraceptives » explique un vendeur en pharmacie.

En février dernier, le docteur Fethi Ben Messaoud, de l’Office National de la Famille et de la Population (ONFP), déclarait sur les ondes d’une radio locale que le taux de femmes utilisant un moyen de contraception est passé de 64 % en 2010 à 58 % aujourd’hui. Et plusieurs femmes, interloquées, nous ont fait savoir qu’elles avaient du mal à trouver leur pilule contraceptive en pharmacie. Ceci pour cause de pénurie.

Santé reproductive

« Cela fait un moment que j’ai du mal à trouver les pilules prescrites par mon gynécologue en pharmacie ; soit le vendeur me dit qu’elles sont en rupture de stock soit on me parle d’une autre marque en m’expliquant que la marque prescrite par mon médecin n’est plus disponible » témoigne Radhia, 31 ans, enseignante. « Il est vrai qu’il y a une sorte de pénurie des pilules contraceptives. Mais vous savez, il n’y a pas que les pilules, il y a beaucoup de médicaments qui sont en pénurie en Tunisie » explique de son côté Mondher, 42 ans, vendeur en pharmacie.

Et cette pénurie ne touche pas seulement les officines, puisque le planning familial, qui ne dispose désormais que d’un seul type de pilule contraceptive – contre trois auparavant -, est également touché. Lors d’une rencontre organisée par le groupe des anciens cadres de l’ONFP sur l’accès des citoyens à la santé reproductive, le docteur Ben Messaoud a fait savoir que les autorités concernées sont de moins en moins engagées dans la sensibilisation. Celui-ci de souligner l’absence d’un engagement politique pour le maintien des services de santé reproductive et sexuelle en Tunisie.

Sensibilisation

Selon lui, les centres de santé reproductive relevant de l’ONFP n’assurent plus leurs fonctions essentielles de distribution des moyens contraceptifs aux femmes. Et plusieurs femmes enceintes n’ont pas pu exercer leur droit à l’avortement dans ces centres, en raison du refus des prestataires de services de les prendre en charge, toujours d’après le docteur Ben Messaoud. Qui a précise que les caravanes de l’ONFP, qui se déplacent dans les zones désenclavées, étaient au nombre de 13 dans les années 70 – alors qu’elles ne sont plus que deux actuellement.

Même son de cloche pour Radhia Jerbi, présidente de l’Union nationale de la femme tunisienne (UNFT), qui a indiqué que les centres relevant de l’ONFP ne fournissent plus les moyens de contraception nécessaires, ce qui a poussé plusieurs femmes à avoir recours au secteur privé et à payer des sommes exorbitantes par rapport à leur pouvoir d’achat limité. Celle-ci de faire savoir que l’UNFT organisera d’ailleurs dans les prochains jours des campagnes de sensibilisation autour des maladies sexuellement transmissibles et promouvoir le système de santé reproductive et sexuelle.

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