Soudan : le personnel de l’ambassade américaine évacué

Le président américain, Joe Biden, a appelé à la fin de la violence « insupportable » dans le pays, qui a fait plus de 400 morts.

Les forces d’opérations spéciales américaines ont procédé dimanche à l’évacuation précaire de l’ambassade américaine au Soudan, pays en guerre, en effectuant des allers-retours dans la capitale, Khartoum, avec des hélicoptères au sol pendant moins d’une heure. Aucun coup de feu n’a été tiré et aucune victime majeure n’a été signalée.

Le dernier employé américain de l’ambassade étant parti, Washington a fermé la mission américaine à Khartoum pour une durée indéterminée. Les milliers de citoyens américains restés dans le pays d’Afrique de l’Est ont été laissés sur place, renseigne l’agence de presse américaine Associated Press (AP).

« Les autorités américaines ont déclaré qu’il serait trop dangereux d’effectuer une mission d’évacuation plus large. Les combats entre deux commandants soudanais rivaux sont entrés dans leur neuvième jour dimanche, obligeant à maintenir la fermeture du principal aéroport international et laissant les routes hors du pays sous le contrôle d’hommes armés. Les combats ont fait plus de 400 morts. » (AP)

Dans une déclaration remerciant les troupes, le président américain, Joe Biden, a indiqué qu’il recevait régulièrement des rapports de son équipe sur les efforts déployés pour aider les Américains restés au Soudan « dans la mesure du possible ». Il a également appelé à la fin de la violence « inadmissible » dans ce pays.

« Courage et professionnalisme »

L’opération a été menée par une centaine de soldats américains à bord de trois hélicoptères MH-47. Ils ont transporté les quelque 70 employés américains restants d’une zone d’atterrissage de l’ambassade vers un lieu non divulgué en Éthiopie. L’Éthiopie a également fourni un appui en matière de survol et de ravitaillement, a déclaré Molly Phee, secrétaire d’État adjointe aux affaires africaines.

M. Biden a indiqué que Djibouti, l’Éthiopie et l’Arabie saoudite avaient également participé à l’évacuation.

« Je suis fier de l’engagement extraordinaire du personnel de notre ambassade, qui s’est acquitté de ses tâches avec courage et professionnalisme et qui a incarné l’amitié et les liens qui unissent l’Amérique au peuple soudanais, a déclaré le président américain dans un communiqué. Je suis reconnaissant à nos militaires pour leur compétence inégalée qui leur a permis de se mettre à l’abri. »

Le Commandement des États-Unis pour l’Afrique et le chef d’état-major interarmées, le général Mark Milley, ont été en contact avec les deux factions belligérantes avant et pendant l’opération afin de s’assurer que les forces américaines disposeraient d’un passage sûr pour mener à bien l’évacuation. Toutefois, John Bass, sous-secrétaire d’État américain, a démenti les affirmations d’une faction, les forces paramilitaires soudanaises de sécurité rapide, selon lesquelles elle aurait aidé à l’évacuation des États-Unis. « Ils ont coopéré dans la mesure où ils n’ont pas tiré sur nos militaires au cours de l’opération », a déclaré M. Bass.

« Cessez-le-feu immédiat »

M. Biden avait ordonné aux troupes américaines d’évacuer le personnel de l’ambassade après avoir reçu une recommandation de son équipe de sécurité nationale, sans qu’aucune fin ne soit en vue pour les combats.

« Cette violence tragique au Soudan a déjà coûté la vie à des centaines de civils innocents. C’est inadmissible et cela doit cesser, a déclaré M. Biden. Les parties belligérantes doivent mettre en œuvre un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, permettre un accès humanitaire sans entrave et respecter la volonté du peuple soudanais. »

Les combats au Soudan ont éclaté le 15 avril entre deux commandants qui, 18 mois auparavant, avaient orchestré ensemble un coup d’État militaire visant à faire dérailler la transition du pays vers la démocratie. La lutte pour le pouvoir entre le chef des forces armées, le général Abdel-Fattah Burhan, et le chef du groupe paramilitaire des forces de soutien rapide, le général Mohammed Hamdan Dagalo, fait que des millions de Soudanais se terrent chez eux, à l’abri des explosions, des coups de feu et des pillages.

La violence s’est traduite par une attaque non provoquée contre un convoi diplomatique américain et par de nombreux incidents au cours desquels des diplomates étrangers et des travailleurs humanitaires ont été tués, blessés ou agressés. AP estime à 16 000 le nombre de citoyens américains enregistrés auprès de l’ambassade comme se trouvant au Soudan. Ce chiffre est approximatif car tous les Américains ne s’enregistrent pas auprès de l’ambassade ou ne précisent pas leur date de départ, précise l’agence de presse.

 

Crédits photo : Le président des Etats-Unis, Joe Biden, en 2019 (Wikimedia Commons).

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