Le Soudan a besoin d’actes, pas de promesses

Peut-être serait-il temps, notamment pour les États-Unis, de mettre en application les menaces contre les militaires soudanais.

Des milliers de Soudanais sont descendus dans les rues de Khartoum, la capitale du Soudan, ainsi que d’autres villes, lundi, selon des militants, afin de poursuivre les manifestations contre le coup d’État qui a ébranlé le pays il y a trois mois, bouleversant le processus de transition démocratique à l’œuvre, au Soudan, après trois décennies de répression et d’isolement international sous la présidence du dictateur soudanais, Omar el-Béchir.

En avril 2019, un soulèvement populaire avait obligé les militaires soudanais à le destituer, ainsi que son administration. Et si l’armée avait, à l’époque, promis qu’elle instaurerait une démocratie au Soudan, il n’en est rien pour l’instant. Et, afin de disperser les manifestants en plusieurs endroits de la capitale, ces dernières heures, les forces de sécurité ont eu recours à des tirs de gaz lacrymogène – notamment autour du palais présidentiel, fortifié, et théâtre d’affrontements lors des précédentes vagues de protestations.

Mais l’armée soudanaise ne se contente pas de gaz lacrymogène. Selon le militant Nazim Sirag, rapporte l’agence américaine Associated Press (AP), deux manifestants ont été blessés par balle à Khartoum, lundi. Et si aucun décès n’a été signalé, lors de cette journée de manifestations, selon un groupe médical local, plus de 70 Soudanais ont été tués (et des centaines d’autres blessés) dans le cadre des protestations contre le coup d’État d’octobre dernier.

Incapacité

Le Soudan, depuis plusieurs mois, est donc un pays paralysé, à l’arrêt. Politiquement, socialement, et économiquement. Et ce marasme globale s’est encore aggravé depuis la démission, au début du mois, du Premier ministre, Abdallah Hamdok, après qu’il a avoué son incapacité, ainsi que celle de son gouvernement, à trouver un compromis entre les généraux et le mouvement pro-démocratie au Soudan.

Au cours des deux dernières semaines, la mission des Nations unies au Soudan a mené des consultations distinctes, avec les factions rivales soudanaises, afin de trouver une issue à la crise. Qui se fait très urgente. Des pays, comme les États-Unis, ont d’ores et déjà annoncé qu’ils suspendaient leur aide au Soudan jusqu’à ce qu’un gouvernement civil prenne le pouvoir à Khartoum – et que les dirigeants militaires cessent de tuer les manifestants opposés au coup d’État.

La semaine dernière, des hauts responsables américains étaient d’ailleurs en visite au Soudan, où ils se sont entretenus avec certains dignitaires militaires qui leur ont certifié que, oui, ils étaient favorables à une transition démocratique dans le pays. Quid, dans ce cas, de l’usage constant de la force ? des louvoiements politiques ? Peut-être serait-il temps de mettre en application les menaces. Notamment celles des États-Unis. Qui ne cessent, là aussi, de répéter qu’ils tiendraient responsable toute personnalité qui refuserait d’aller de l’avant au Soudan. Et il doit bien y en avoir quelques unes en ce moment.

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