Syrie : toujours pas de trêve humanitaire dans la Ghouta orientale

De nouvelles négociations à l’ONU doivent avoir lieu samedi à 17 heures pour convaincre la Russie.

La trêve humanitaire dans la province syrienne de la Ghouta orientale n’aura pas lieu. Du moins pas encore. Le Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) n’est pas parvenu à adopter de résolution en ce sens, vendredi soir, alors que la Russie avait fait échouer un premier vote la veille et menaçait de récidiver. Le texte, présenté par la Suède et le Koweït, prévoit un cessez-le-feu pour une période d’un mois dans ce fief rebelle, où plus de 460 personnes sont mortes depuis que le régime syrien, aidé par la Russie, a décidé de pilonner la zone dimanche dernier.

« Aucun convoi »

Jeudi, Moscou, par la voix de son représentant à l’ONU, Vassily Nebienza, avait estimé que la résolution n’était « pas réaliste dans sa forme actuelle » et exigé ainsi de nouveaux amendements. Les Russes sont souvent accusés de chercher à tout prix à défendre leur allié, Bachar al-Assad, quitte à faire échouer la mise en place de trêves humanitaires. Ceci quand bien même différents acteurs se sont succédés, ces derniers jours, pour alerter sur la situation « catastrophique » dans la Ghouta orientale, où près de 400 000 personnes sont actuellement assiégées.

Le même jour, Nina Walsh, chargée des conflits armés chez Amnesty International France, avait alerté sur « des cas de malnutrition grave », concernant notamment des « enfants [qui] sont en train de mourir de faim », quand le chef des affaires humanitaires de l’ONU, Mark Lowcock, avait évoqué un « enfer sur Terre » pour parler de la zone bombardée. Et lundi dernier, c’est le coordinateur régional de l’ONU pour la crise syrienne, Panos Moumtzis, qui avait rappelé qu’« aucun convoi [humanitaire n’avait] été effectué en décembre ni en janvier. »

« Exercer pleinement ses responsabilités »

Ces déclarations n’ont fait réagir que mollement l’ambassadeur russe à l’ONU. Celui-ci a préféré dénoncer « une psychose de masse des médias » entrainant des « discours catastrophiques » qui ne correspondent pas à la réalité. Vendredi, dans l’après-midi, le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, et la chancelière allemande, Angela Merkel, sont donc revenus à la charge. Dans un communiqué conjoint, le couple exécutif a exhorté la Russie à « exercer pleinement ses responsabilités […] afin qu’une aide puisse être apportée aux populations civiles et que des évacuations sanitaires d’urgence puissent avoir lieu. »

L’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, leur a ensuite emboité le pas, affirmant qu’il était « incroyable que la Russie retarde le vote sur un cessez-le-feu permettant l’accès humanitaire en Syrie. » Sans succès, donc. D’après des diplomates à l’ONU, les négociations ont échoué, le Conseil de sécurité ne parvenant pas à trouver un texte satisfaisant la Russie. Celles-ci devaient reprendre samedi à midi (17 heures GMT), tandis que l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) indiquait dans le même temps que 32 civils venaient de se faire tuer dans des bombardements.

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