Libye : 284 civils tués et 363 blessés cette année à la suite du conflit armé

Les parties au conflit continuent de stocker des armes et des munitions à proximité de sites civils, alerte l’ONU.

D’après les données du Bureau des Nations unies (ONU) aux droits de l’Homme et de la Mission onusienne en Libye (MANUL), au moins 284 civils ont été tués et 363 blessés, en 2019, du fait du conflit armé en Libye. « Les frappes aériennes ont été la principale cause de pertes civiles, avec 182 morts et 212 blessés, suivies par les combats au sol, les engins explosifs improvisés, les enlèvements et les meurtres », a déclaré le porte-parole du Haut-Commissariat, Rupert Colville, lors d’un point de presse vendredi 20 décembre à Genève (Suisse).

Sur cette même période, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a relevé une soixantaine d’attaques liées au conflit contre des établissements et du personnel de santé, soit une augmentation de près de 70 % par rapport à l’année passée. Selon les services de la Haut-Commissaire, Michelle Bachelet, ces victimes civiles témoignent de la « détérioration de la situation des droits de l’homme en Libye », notamment par l’impact du conflit en cours sur les civils, comme l’a rapporté l’ONU dans un papier sur le sujet.

Abus persistants sur les migrants et réfugiés

« Dans ce lot, les journalistes et les défenseurs des droits humains continuent de faire l’objet de violences, de menaces et de harcèlement. A cet égard, le cas le plus récent reste le sort de Reda Fhelboom, défenseur des droits humains et journaliste bien connu, qui a été arrêté le 14 décembre par un groupe armé à l’aéroport de la Mitiga à Tripoli, après son arrivée de Tunis ».

Le sort des migrants et des réfugiés, également, continue d’être un sujet de vive préoccupation en Libye. Ces derniers continuent d’être régulièrement « victimes d’abus, notamment d’exécutions extrajudiciaires, de détentions arbitraires, de disparitions forcées, de torture, de violences sexuelles et sexistes, d’enlèvements contre rançon, d’extorsion et de travail forcé », affirme l’ONU. Des violations commises aussi bien par des agents de l’Etat, des trafiquants, que des passeurs.

Entre janvier et novembre, plus de 8 600 migrants ont été interceptés en mer par les garde-côtes libyens et renvoyés en Libye, qui ne peut évidemment pas être considérée comme un port de débarquement sûr. D’autant plus qu’un grand nombre des personnes interceptées ont été renvoyées dans des centres de détention officiels et non officiels où elles sont régulièrement victimes de graves violations des droits de l’homme et d’abus.

Une situation d’autant plus préoccupante que les parties au conflit continuent de stocker des armes et des munitions à proximité de sites civils, en particulier dans les centres de détention où sont détenus les migrants et les réfugiés. « Nous rappelons aux parties leur obligation de prendre toutes les précautions possibles contre les effets des attaques », a insisté le porte-parole du Haut-Commissariat.

Massacre de la prison d’Abu Salim

A ce jour, l’ONU estime que 8 813 personnes sont détenues dans 28 prisons officielles sous l’autorité du ministère de la Justice, dont environ les deux tiers sont en détention provisoire. Or, des informations crédibles, indiquent les Nations unis, font état de détentions arbitraires, de tortures, de disparitions forcées, de violences sexuelles et sexistes, et de la surpopulation des centres de détention sous le contrôle du ministère de l’Intérieur.

« Les conditions dans les lieux de détention non officiels, souvent gérés par des groupes armés, sont encore plus difficiles à surveiller et risquent d’être encore pires », a effectivement fait valoir M. Colville.

Par ailleurs, le Bureau de l’ONU aux droits de l’Homme a dénoncé « le climat d’impunité » qui persiste en Libye, qui a notamment conduit à l’acquittement, le 15 décembre dernier, par la Cour d’appel de Tripoli, de tous les accusés, y compris l’ancien chef des services de renseignement Abdullah Senoussi, dans le procès relatif au massacre de 1 200 personnes à la prison d’Abu Salim, à Tripoli, en 1996.

« Le massacre d’Abou Salim est l’un des griefs qui a donné lieu au soulèvement de 2011 en Libye. Nous réitérons l’appel lancé en septembre pour la création d’un mécanisme d’enquête sur les crimes graves commis en Libye », a conclu le porte-parole du Haut-Commissariat.

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