Le dinar a perdu près de 7 % de sa valeur depuis la mi-novembre. Mercredi, le taux de change était d’environ 1 610 pour un dollar.
Des centaines de manifestants se sont rassemblés, mercredi, près de la Banque centrale dans la capitale irakienne, Bagdad, en réponse à la récente dévaluation du dinar irakien, et afin de demander au gouvernement de prendre des mesures pour stabiliser la monnaie.
Les manifestants – principalement des jeunes – se sont rassemblés au milieu d’une forte présence de sécurité, beaucoup d’entre eux portant le drapeau irakien et des bannières avec des slogans. L’un des slogans était le suivant : « Les politiciens sont ceux qui couvrent la corruption financière pour les banques ».
Le Premier ministre irakien, Mohammed Shia al-Sudani, a accepté lundi la démission du gouverneur de la Banque centrale du pays, Mustafa Ghaleb Mukheef, à la suite d’un plongeon du dinar irakien qui dure depuis plusieurs semaines. M. Mukheef, qui occupait ce poste depuis 2020, a été remplacé par Muhsen al-Allaq en tant que gouverneur par intérim.
Le dinar a atteint de nouveaux planchers, vendredi dernier, à environ 1 670 pour un dollar – le taux officiel est de 1 470 dinars pour 1 dollar. La monnaie a perdu près de 7 % de sa valeur depuis la mi-novembre. Mercredi, le taux de change de la rue était d’environ 1 610 pour un dollar. Certains politiciens irakiens ont imputé cette baisse aux récentes mesures prises par le Trésor américain.
Marché noir
Les États-Unis ont un contrôle important sur l’approvisionnement de l’Irak en dollars, car les réserves étrangères de l’Irak sont détenues par la Réserve fédérale américaine. À la fin de l’année dernière, la Réserve fédérale a commencé à imposer des mesures plus strictes sur les transactions, ce qui a ralenti le flux de dollars vers l’Irak, notamment en mettant sur liste noire un certain nombre de banques du marché du dollar en raison de soupçons de blanchiment d’argent.
Dans la capitale libanaise, Beyrouth, des dizaines de personnes ont protesté devant la Banque centrale, dénonçant la dégringolade de la livre libanaise, qui a commencé en 2019. La valeur de la livre a atteint un nouveau plancher jeudi dernier, s’échangeant à 50 000 pour un dollar, alors que le Parlement du pays, profondément divisé, n’a pas réussi à élire un président pour la onzième fois.
Jusqu’en 2019, la monnaie libanaise était fixée au dollar à un taux de 1 500 livres pour un dollar. Cela reste le taux officiel, mais dans la pratique, presque toutes les transactions sont effectuées au taux du marché noir.
Pendant ce temps, cinq pays européens enquêtent sur le gouverneur de la Banque centrale du Liban, Riad Salameh – qui reste à son poste -, sur des allégations de blanchiment d’argent public en Europe. La Suisse a ouvert une enquête il y a deux ans, suivie par la France, l’Allemagne, le Luxembourg et le Liechtenstein.
Crédits photo : Une mosquée à Bagdad, la capitale de l’Irak (Wikimedia Commons).