Deux ans après, le « Hirak » reprend du service en Algérie

Les Algériens comptent bien renouer avec la rue, deux ans après le début du soulèvement.

Certains diront que le Hirak n’a jamais cessé. Il aurait seulement pris des formes de lutte différentes, pour s’adapter au contexte inextricable de la double crise politique et sanitaire. D’autres, moins optimistes, ont prédit sa mort il y a déjà une année. Toutefois, le fait est là : le Hirak se régénère et tente, malgré tout, de se faire entendre.

Le mouvement de protestation pacifique qui a fait trembler le régime algérien a émergé, spontanément, le 22 février 2019, alors que l’ex-président Abdelaziz Bouteflika, alors malade et affaibli, lorgnait sur un 5ème mandat consécutif. C’était la goutte d’eau, la mascarade de trop, qui a fini par provoquer la grogne des Algériens.

Sortis par dizaines de milliers à travers tout le pays pour dire haut et fort leur refus d’un tel fiasco politique, les Algériens n’ont même pas cédé après l’annonce de la démission de Bouteflika. Ce qu’ils souhaitaient ? Rejeter en bloc tout le système, et non pas une simple figure de ce dernier.

Coronavirus

Des mois ont passé ainsi, avec les mêmes slogans : « État civil non militaire », « Qu’ils partent tous », « Changer de système », etc. Les Algériens semblent bien savoir, à l’époque, ce qu’ils voulaient. Ou, du moins, ce(ux) qu’ils ne voulaient pas.

La même année, l’homme fort du régime et chef de l’état-major, Ahmed Gaïd Salah, proche des Émirats arabes unis, ayant joué un rôle intermédiaire important dans l’organisation des élections, est décédé. Avant sa mort, il avait haussé le ton et mis des dizaines de jeunes dans les prisons – notamment pour port de l’emblème amazigh.

Puis le Hirak a été stoppé par la pandémie de coronavirus. Pendant près d’une année, les rassemblements ont été interdits, à cause des mesures de confinement. Mais le lundi 22 février 2021 a signé le retour du mouvement de soulèvement populaire, après avoir passé des mois, confiné lui aussi, à tenter de survivre moyennant les réseaux sociaux.

Renouer avec la rue

Les marches ont démarré de plusieurs provinces à travers tout le pays : Annaba, Oran, Béjaïa, Sétif, Bouira, Mostaganem et Constantine. A Alger, la capitale algérienne, d’importants dispositifs sécuritaires ont été mis en place, rendant difficile la tenue de manifestations, finalement éteintes par les forces de l’ordre.

Cette fois encore, le Hirak en appelle au démantèlement du système en place depuis l’indépendance, puisque le semblant d’élections « démocratiques » ne l’a en rien arrêté. Le mouvement de protestation a pu se nourrir, durant ces deux ans, des centaines d’arrestations arbitraires.

Désormais, les Algériens comptent bien renouer avec la rue et dire qu’ils sont bien présents, que leur esprit de manifestation demeure vif et actif. Message adressé au gouvernement et aux politiques de l’ « Ancien Régime » : le Hirak survivra à tout ce remue-ménage pour faire triompher la démocratie et la liberté.

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