Cette nouvelle détention intervient alors que Washington envisage de désigner les Houthis comme un groupe terroriste.
Les rebelles Houthis du Yémen détiennent un autre fonctionnaire de l’ambassade des États-Unis, fermée depuis longtemps, ce qui porte à au moins 11 le nombre d’anciens membres du personnel de l’ambassade des États-Unis détenus par le groupe rebelle, selon le témoignage de responsables yéménites obtenu par l’agence américaine Associated Press (AP).
Les Houthis, un groupe soutenu par l’Iran qui contrôle la capitale, Sanaa, et une grande partie du nord du Yémen, ont placé en détention un ancien attaché de presse de l’ambassade des États-Unis la semaine dernière, selon un avocat spécialiste des droits de l’Homme à Sanaa, Abdel-Majeed Sabra, et un membre de la famille d’un détenu. Le membre de la famille s’est exprimé sous couvert d’anonymat par crainte de représailles.
Pourparlers
Abdel-Majeed Sabra a déclaré que l’ancien attaché de presse de l’ambassade était détenu dans les locaux de l’Autorité de la sécurité et du renseignement, dirigée par les Houthis. On ne sait pas si les Houthis ont inculpé cet homme ou tout autre détenu de l’ambassade des États-Unis, a-t-il ajouté. Selon lui, le dernier membre du personnel a été arrêté un mois après que le groupe rebelle a arrêté son ancien adjoint à l’ambassade.
Le département d’État a déclaré dans un courriel adressé à AP cette semaine que le gouvernement américain déployait des efforts « incessants » pour obtenir la libération des membres du personnel local de l’ambassade. Washington a fermé son ambassade au Yémen, la nation la plus pauvre de la péninsule arabique, en 2015, alors que le conflit fracturait le pays.
Les Houthis avaient déferlé de leur base dans le nord, l’année précédente, à un moment où les bouleversements politiques se multipliaient, s’emparant de la capitale et d’autres territoires. Une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite est entrée en guerre en 2015. Avec le soutien croissant de l’Iran, les rebelles chiites ont réussi à lui tenir tête jusqu’à geler les positions. L’ONU et les agences d’aide qualifient la situation globale au Yémen de pire crise humanitaire au monde, des millions de Yéménites étant vulnérables à la famine.
Les Houthis ont repoussé les tentatives répétées de l’administration Biden de les faire participer à des pourparlers de paix et accusent les États-Unis de soutenir la coalition. Ils ont pris le siège de l’ambassade des États-Unis en octobre dernier. Ils ont détenu des dizaines d’anciens membres du personnel, dont beaucoup ont été libérés par la suite.
Terroristes
Les agences de l’ONU ont confirmé à la fin de l’année dernière que les Houthis avaient également arrêté deux de leurs employés à Sanaa début novembre. L’UNESCO et le bureau des droits de l’Homme de l’ONU ont déclaré qu’aucun motif légal n’avait été donné pour leur détention. Les deux parties à la guerre ont, par le passé, utilisé les détenus comme levier de négociation, notamment dans le cadre d’échanges de prisonniers.
Cette nouvelle détention intervient alors que l’administration Biden envisage de désigner les Houthis ou certains de leurs dirigeants comme des terroristes, ce qui entraînerait des sanctions sévères de la part du gouvernement américain à l’encontre de ceux qui font des affaires avec eux.
Récemment, les Houthis ont intensifié leurs attaques transfrontalières par drones et missiles contre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, après avoir subi de lourdes pertes territoriales lors des combats. Riyad et Abou Dhabi font pression pour obtenir de Washington la désignation des rebelles en tant que terroristes. Certains Américains et Yéménites soutiennent que cela pourrait dissuader les Houthis de mener des attaques et les pousser à entamer des pourparlers de paix.
Les organisations humanitaires et certains membres du Congrès démocrates affirment que les sanctions financières associées à cette désignation n’auraient qu’un impact minime sur les dirigeants Houthis isolés, mais feraient fuir les fournisseurs et les expéditeurs de denrées alimentaires du pays, ce qui risquerait de provoquer la famine pour des millions de personnes. Douze d’entre eux ont écrit mercredi au secrétaire d’État Antony Blinken pour lui demander de ne pas désigner le pays comme terroriste.
Crédits photo : Des combattants Houthis assistent à la procession funéraire de combattants rebelles tués lors de récents combats avec les forces du gouvernement internationalement reconnu du Yémen, à Sanaa, le 24 novembre 2021 (AP Photo/Hani Mohammed).