Plusieurs voix se sont élevées, récemment, pour mettre en garde contre une éventuelle détérioration de la situation humanitaire.
Le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires – et coordonnateur des secours d’urgence des Nations unies (ONU) -, Mark Lowcock, a approuvé l’allocation de 6,8 millions de dollars du Fonds central d’intervention d’urgence (CERF) pour une intervention rapide dans le sud du Tchad. Où, depuis le 26 décembre 2017, d’importants afflux de populations ont lieu, celles-ci cherchant à éviter les vagues d’affrontements dans le nord de la République centrafricaine (RCA). Plus de 22 000 nouveaux réfugiés ont ainsi été enregistrés par le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) et l’Agence nationale pour les réfugiés (CNARR), alors que les mouvements transfrontaliers se poursuivent et que la situation sécuritaire demeure instable en RCA.
« Elargir nos opérations humanitaires »
La somme allouée par le CERF devrait permettre d’apporter une aide humanitaire vitale à 45 000 personnes dans le besoin, y compris aux réfugiés nouvellement arrivés et à leurs communautés d’accueil. Si les organisations humanitaires se sont rapidement mobilisées pour fournir une aide vitale, les capacités d’accueil sont limitées et davantage de ressources sont nécessaires pour intensifier la réponse et soutenir les communautés hôtes. Qui ont quant à elles partagé leurs ressources, et risquent de faire face à l’insécurité alimentaire lorsque leurs réserves alimentaires seront épuisées. Cette nouvelle crise survient alors que 77 000 réfugiés et 43 000 Tchadiens vivent déjà dans des conditions précaires dans le sud du pays.
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Le coordonnateur humanitaire au Tchad, Stephen Tull, a d’ailleurs mis en garde contre une éventuelle détérioration de la situation humanitaire. « L’aide humanitaire actuelle est insuffisante compte tenu de l’ampleur des besoins, notamment dans le contexte de l’insécurité alimentaire et de la saison des pluies qui approche rapidement, et qui pourrait exacerber les vulnérabilités. Ce financement du CERF est essentiel pour notre réponse dans le sud du Tchad alors que notre appel humanitaire continue d’être sérieusement sous-financé année après année. Un financement accru de la part des bailleurs est essentiel afin de sauver des vies et soutenir et élargir nos opérations humanitaires » a-t-il affirmé.
Moins de 4 % des fonds requis
Au total, huit projets bénéficieront de l’allocation du CERF et aideront à fournir une assistance multisectorielle aux réfugiés (environ 32 % des fonds), apporter une réponse en sécurité alimentaire et en moyens de subsistance (30 %), en santé (10 %) et nutrition (8 %), en protection (7 %), en eau et d’assainissement (6 %) et en éducation (2 %) à plus de 20 000 réfugiés et 25 000 personnes parmi les communautés hôtes vulnérables. Et environ 3 % des fonds iront aux services aériens de l’ONU (UNHAS) pour maintenir l’accès humanitaire au sud du Tchad. Pour mémoire, en 2018, les partenaires humanitaires du pays ont besoin de 544 millions de dollars pour améliorer la vie des près de 2 millions de personnes les plus vulnérables.
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Par conséquent, selon Abdoulaye Sawadogo, chef adjoint par intérim du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) au Tchad, « il est essentiel que d’autres bailleurs renforcent leur soutien, en particulier les bailleurs de développement, car le financement du CERF ne couvrira qu’une fraction des besoins, et il est essentiel de renforcer la résilience des populations affectées et de leur apporter des solutions durables, ce qui nécessitera des investissements politiques et de développement à long terme dans la région. » Aujourd’hui, moins de 4 % des fonds requis ont été apportés et l’an dernier, seulement 45 % des besoins de financements ont été couverts. Les années précédentes, ce chiffre dépassait largement les 50 %.
Etudiant en master de journalisme, Bertrand Faure se destine à la presse écrite. Passionné de relations internationales, il nourrit un tropisme particulier pour le Maghreb et la région MENA, où il a effectué de nombreux voyages.